Marianne Farley présente son premier long métrage au Cinéma Pine
Adolescente, Marianne Farley étudie à l’école secondaire A.-N.-Morin. Ses premières dates, elle les passe au Cinéma Pine. Maintenant, elle y présente son premier long métrage à titre de réalisatrice, Au nord d’Albany.

Dimanche dernier, accompagnée des acteurs Zeneb Blanchet et Eliott Plamondon, la réalisatrice est venue à la rencontre du public adélois, quelques jours avant la sortie officielle de son film. Fidèle à ses valeurs et à sa vision, Marianne Farley présente un long métrage qui plonge dans la complexité de ses personnages et de l’humain.
Annie est mère de deux enfants, Sarah et Félix. Après que son adolescente ait gravement blessé la jeune fille qui l’intimidait à l’école, Annie quitte Montréal en direction des États-Unis. En route, sa voiture tombe en panne près d’un petit village des Adirondacks. La petite famille, jouée par Céline Bonnier, Zeneb Blanchet et Elliot Plamondon, est contrainte d’y rester. La réparation sera effectuée dans quelques jours seulement, par le seul garagiste du coin, Paul. Entretemps, les personnages rencontrent une autre cellule familiale, profondément affectée par le deuil.
Partir de la famille
Pour la réalisatrice, la famille possède un immense potentiel narratif. On se retrouve au cœur de dynamiques individuelles, mais aussi intergénérationnelles. « Dans le film, je trouvais intéressant que ce soient les jeunes adolescentes qui renvoient aux parents leurs failles et leurs contradictions. Je pense que dans la vie, on apprend des gens qu’on rencontre », avance Marianne Farley. Cette rencontre inusitée transforme en effet les deux familles et les individus qui les composent. Elle éclaire les nuances des personnages et amène le spectateur à mieux comprendre leurs blessures et leurs subtilités. Cette rencontre est d’autant plus intéressante qu’elle se fait en français et en anglais. Loin d’être insurmontable, cette barrière de langue est à la source de certains des moments les plus cocasses et touchants de l’oeuvre.
Au nord d’Albany est aussi un film sur la fuite, sous toutes ses formes. La fuite physique d’Annie, de Montréal aux États-Unis. La fuite relationnelle de Paul qui, depuis des années, s’éloigne de sa fille, Hope. « La fuite pour moi, c’est une thématique universelle. Nous avons tous nos zones de fuite, que ce soit fuir dans l’alcool ou fuir de soi-même. C’est ce qui fait la complexité de l’être humain », souligne Marianne Farley.
La fuite, la famille, la monoparentalité, le deuil, la sexualité : les enjeux sociaux qui traversent le film sont nombreux, mais jamais forcés. On part de la famille pour aborder des thèmes sociaux plus larges, qui transportent habillement l’oeuvre.
Un film qui rend fier
« Il paraît que c’est un beau cinéma que vous avez ici, un peu vintage, j’ai hâte de voir ça », lance Zeneb Blanchet, quelques heures avant de répondre aux questions du public au Cinéma Pine. La jeune actrice est aussi une habituée des Laurentides : sa marraine et son parrain y habitent. Jusqu’à maintenant, elle se réjouit de la tournée promotionnelle du film : « Après l’avoir vu, les gens ont l’air fiers de leur cinéma québécois. Ils sont impressionnés parce que c’est un film qui prend son temps. Qui prend soin de placer les choses, qui prend le temps d’être avec les personnages. C’est ce qui fait le génie de Marianne », fait valoir Zeneb.
« Je ne sais pas comment faire du cinéma autrement que de partir de qui je suis », explique la réalisatrice sur son approche cinématographique. « En général, j’aime ce genre de cinéma. Je n’aime pas me faire prendre la main comme spectatrice et qu’on m’explique tout. Au niveau de l’écriture et du montage, on a fait attention de trouver un équilibre entre donner trop d’informations et en donner trop peu. Le respect du spectateur est important pour moi. »
Une admiration et un respect mutuels semblent unir les acteurs et Marianne Farley. « J’ai déjà eu la chance de travailler avec de grandes personnes et ça m’inspire toujours. Marianne, c’est une de ces personnes. Elle est très méticuleuse, très intelligente. Vraiment, se faire diriger par Marianne, c’est un cadeau », affirme Zeneb Blanchet, qui souhaite éventuellement devenir réalisatrice à son tour.