Mon palmarès cinema 2007
Les gens adorent les palmarès. C’est notre côté people qui s’explique dans toute sa splendeur. Mais je me livre à cet exercice avec beaucoup d’hésitation. Car j’ai beau voir plus de 200 films par année, on ne peut pas tous les chroniquer. Et, en 2007, j’en ai manqués plusieurs, dont le dernier des frères Cohen. Le côté subjectif de cette entreprise m’accable. Une chance qu’on ne parle que de 2007. Car, en 20 ans de journalisme, ma base de données personnelle rapporte que j’ai chroniqué presque 600 fois sur le cinéma, dont plus de 450 fois pour Accès…
Mais j’ai tout de même accepté l’invitation de mon rédac’chef Éric-Olivier Dallard, surtout parce que je l’ai en très grande estime. Tut! Tut! Ne me traitez pas de téteux. Depuis quand un hebdo, dans les Laurentides, offre-t-il autre chose que les derniers gagnants des bingos et autres photos de rangs d’oignons du député qui donne son chèque au cercle des Fermières? Accès Laurentides a bouleversé le paysage médiatique laurentien par des reportages choc et pertinents. Et ça prenait Éric-Olivier pour mener cette barque sans tenir compte des menaces provenant de tous ces gens dont il menace les intérêts (un exercice que les autres journaux font exceptionnellement, pour ne pas froisser leurs copains élus, gens d’affaires et annonceurs).
Allons-y donc pour mon palmarès 2007. Je vous présente les films non pas en rang de préférence mais par ordre chronologique de sortie.
Au chapitre des films que je retiendrai pour leurs qualités exceptionnelles, j’en ai choisi onze. Pour commencer: Arthur et les Minimoys. Ce film est d’une telle beauté qu’il est irrésistible. Et le ton, différent de celui des dessins animés américains, le rend d’autant plus sympathique. J’ai hâte de voir la suite. Suit La malédiction des fleurs dorées, dans le registre des contes asiatiques donnant dans les arts martiaux, d’une beauté à couper le souffle. Une véritable fresque shakespearienne.The wind that shakes the barley: impossible de ne pas être remué par un sentiment de profonde injustice devant le propos de ce film, qui raconte les luttes pour l’indépendance de l’Irlande. Les Québécois y seront particulièrement sensibles. L’ivresse du pouvoir: comment résister à Claude Chabrol? Dialogues serrés, personnages taillés au couteau, et Isabelle Huppert au sommet de sa forme. En avril, j’ai découvert comme tout le monde ce monument que fut La vie des autres. Cette Allemagne communiste dépeinte comme une contrée totalitaire jusque dans les esprits m’a fait frémir. Un univers orwellien qui montre à quel point l’être humain a des côtés noirs…
Puis arriva l’été et la coolitude assumée et jouissive de Danny Ocean et de sa bande, dans Ocean’s Thirteen. Lady Chatterley: qui a dit qu’érotisme rimait avec vulgarité? Ce conte pastoral s’apprécie pour sa vision sereine et fort saine des rapports sexuels. Pourtant, c’est un film sur l’adultère. L’automne nous a aussi fait découvrir un autre grand film: Odette Toulemonde, dans lequel Catherine Frot brille.
Impossible de rester de glace devant le sort réservé aux victimes des camps de concentration nazis. Surtout lorsque le film qui s’en inspire est bien fait. Ce qui fut le cas de Un secret. Suit Dialogue avec mon jardinier: avec ce feel good movie, on se reprend à apprécier le jeu de Daniel Auteuil, mon acteur fétiche. Enfin, l’année se termine avec L’âge des ténèbres. Je suis en complet désaccord avec la critique: ce film est excellent et suscite la réflexion sur cette époque, la nôtre, qui perd ses repères en se réfugiant dans le matérialisme, les valeurs de pacotille et la rectitude politique déjantée.
Vous me demandez lequel des films serait mon numéro un? J’en mets deux ex-aequo: La vie des autres et Ocean’s Thirteen.
Pour les très beaux films, ceux dont la qualité de la photographie ou le ton sont exceptionnels, j’en retiens huit. Ils sont beaux ou pertinents, mais n’ont pas les qualités pour se retrouver au sommet du podium. On commence avec Ma fille mon ange, dont le propos ne peut manquer d’émouvoir mais qui souffre de donner, parfois, dans certains clichés. Le parfum, lui, s’attaque à adapter au septième art un roman jugé, justement, inadaptable. Le résultat est fascinant. 300, juste pour ses effets spéciaux mémorables, effectués en grande partie à Piedmont! Un film culte en devenir. Mais trop long. Molière: adaptation réussie d’un thème mille fois remâché au cinéma. Avec Soie, on dispose de ce qu’un film léché a de mieux à offrir: décors somptueux, histoire raffinée, exotisme, beaux acteurs, musique recherchée. Mais le film manque quelque peu de tonus. Le ring: une leçon de valeurs humaines à travers le prisme d’une cinéaste qui ne fait aucun compromis dans sa façon de tourner, dont le réalisme qui sert admirablement bien son sujet.
Ce n’est pas parce qu’ils ont pris récemment l’affiche qu’ils figurent dans mes films préférés. Mais L’amour au temps du choléra et I am Legend offrent chacun une histoire qui, dans leur registre propre, porte à réfléchir tout en divertissant avec adresse. Les deux films ont leurs faiblesses, mais la vision de la vie qu’ils proposent est intéressante. Et leur facture est exceptionnelle.
Pour les films sans prétention, qui m’ont réellement fait tripper, j’ai choisi sept long métrages. Le premier est totalement irréaliste mais jouissif: Live free or die hard constitue le spectacle de cinéma de gros bras parfait. Un vieux héros indécrottable et pas tuable (Bruce Willis), de l’action, une intrigue pas trop épaisse et de l’humour. On a fait bien pire à Hollywood. Suit Nitro, dans un genre nouveau pour le cinéma québécois. Je reprends les mêmes arguments que pour Live Free or Die Hard, adapté à la sauce de chez nous.
Pirates of the Carribbean – At world’s end: pour un film de pirates, cette trilogie est réussie. Mais c’est un peu long et compliqué pour rien. 2 days in Paris: un petit film bavard comme les français en réalisent souvent. Julie Delpy offre toutefois des dialogues sympas et recherchés, dans une comédie de situation rigolote et cruelle qui en révèle beaucoup sur les travers humains. Avec Les 3 p’tits cochons, Patrick Huard signe son premier film comme réalisateur et… un grand succès au box office. C’est mérité. Car le sujet, mille fois remâché au grand écran, est traité ici avec originalité, humour et finesse. Et on ne se doute nullement du dénouement.
Impossible de rester de glace devant ce sympathique Michou d’Auber, une comédie qui fait mouche en cette époque où les accommodements raisonnables occupent presque tout l’espace médiatique. Enfin, Ensemble, c’est tout est une fête, qui rappelle beaucoup L’Auberge Espagnole. Un film réjouissant où il est impossible de ne pas s’attacher aux personnages.
C’est sur ces choix que j’en profite pour vous souhaiter de très joyeuses Fêtes.