Notre journaliste critique : Severance

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Aimez-vous votre travail? Je vous le souhaite. Mais même si j’adore mon métier, certaines semaines sont plus longues que d’autres, et il y a des matins où je resterais couché.

Surtout depuis la pandémie et l’avènement du télétravail, la frontière entre la vie professionnelle et personnelle est souvent floue et perméable. Alors, si on vous proposait de séparer votre travail de votre vie personnelle, de manière étanche et permanente, le feriez-vous? Moi, jamais. Et surtout pas après avoir vu Severance, la dernière série de science-fiction d’Apple TV+.

Lorsque Mark, joué par Adam Scott, entre au bureau le matin, il se retrouve instantanément le soir, sa journée de travail terminée. Il ne garde aucun souvenir de ce qu’il a fait, de la nature de ses tâches ou même de ses collègues.

Au moins pendant qu’il travaille, il ne pense pas à sa femme décédée, se dit-il. Puisque le Mark qui est au travail, lui, ne garde aucun souvenir… de sa vie personnelle. Qui il est, s’il a une famille, comment il occupe ses soirées : tout est un mystère. En fait, il ne quitte jamais le travail. La journée terminée, elle recommence instantanément le lendemain matin.

« Et si je veux démissionner, partir? », demande une collègue. « Si tu es ici, c’est que ton double revient tous les matins », lui répond Mark.

Le monde de Severance est malaisant et kafkaïen, avec un inquiétant parfum dystopique. La série explore la place des souvenirs dans notre identité, l’aliénation dans le monde du travail, la notion de consentement éclairé, et le contrôle insidieux des technologies sur nos vies.

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