Courtoisie

Renaud Jean : Se libérer de l’école par la poésie

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Dans le recueil de poésie Projet personnel, l’auteur Renaud Jean, résident de Gore dans les Laurentides, explore le thème de l’école. Chaque poème est construit autour d’une matière : la biologie, l’éducation physique, les mathématiques… « Je me suis replongé dans l’époque du secondaire. Je suis allé voir mes cahiers des différents cours, pour retrouver le vocabulaire, les termes de chaque matière. C’était plaisant de plonger dans ce lexique-là pour construire chaque poème et ses images. »

Le recueil paraît dans la collection Brise-glace des éditions du Boréal, dont l’objectif est d’introduire les jeunes à la poésie. L’auteur décrit Projet personnel comme « une fiction poétique, une poésie narrative », inspirée par sa propre expérience, mais aussi transformée. « J’essaie d’écrire de façon sentie et vivante. C’est dire des choses de la façon la plus vraie possible pour moi. »

L’école, à quoi ça rime ?

« Chaque poème commence par une question, qui est répétée. C’est vraiment ça le moteur du livre : les interrogations que le jeune a, par rapport à la vie en générale, sa place dans le monde, son rapport aux autres », explique M. Jean. Ces questions répétées forment d’ailleurs un leitmotiv qui rythme tout le recueil.

On sent le narrateur seul, isolé et englué dans son quotidien. Il est même intimidé par ses camarades. « On a l’impression qu’il étouffe un peu, qu’il est un peu coincé, qu’il a de la misère à trouver sa place. Mais je voulais exprimer l’idée que la vie ne s’arrête pas avec le secondaire. Tout est à inventer encore. Il faut se permettre de rêver. »

Dans le cours d’éducation physique, le personnage doit faire le test navette (aussi appelé test Léger-Boucher), qui consiste à courir d’un côté à l’autre du gymnase au rythme d’un « Bip ! Bip ! » qui s’accélère. « On est quelques-uns à en garder un souvenir assez pénible ! », confie l’auteur en riant. Le personnage semble vouloir se dépasser, mais il a aussi une relation ambiguë avec la « pression de la performance ». « Il accepte de jouer le jeu, mais il se rend compte que c’est peut-être trop. Il a comme un pressentiment de ce qui l’attend. À la fin, c’est assez. Il finit par arrêter. Mais il a quand même eu la volonté d’essayer. »

La poésie libératrice

À la fin, sur l’heure du midi, le personnage se rend à l’auditorium et monte sur scène pour livrer les poèmes qu’il a écrits dans son cahier. M. Jean y voit quelque chose de libérateur. « Il prend la parole en public et assume qui il est. On voit qu’il est très nerveux, mais c’est le début de quelque chose. […] Le dernier poème est un peu différent des autres. Je l’ai écrit comme une injonction à vivre, à faire di des attentes de la société, à tracer son propre chemin. C’est comme une ouverture, un souffle. »

L’auteur a commencé à écrire à l’adolescence, d’abord avec des poèmes, puis avec des petites nouvelles littéraires. « J’ai su assez vite, en 4e secondaire, que j’allais étudier en lettres, que c’est ça que je voulais faire. » Pour lui, la littérature est en même temps un refuge et une fuite. « C’est à la fois une façon de se couper d’un quotidien aliénant et de retrouver un peu l’essentiel, le noyau de l’être : ce qui est le plus important en nous, ce qui vibre. »

Au milieu de la forêt

Renaud Jean est résidant de Gore, dans les Laurentides, depuis plusieurs années. « Je suis tellement bien chez moi, dans ma maison, avec ses fenêtres, au milieu de la forêt. » Avec sa conjointe, il travaille de chez lui. « Elle est designer de mode, donc on a fait construire un atelier. » Il aime aussi profiter de la nature qui est tout près. « Je fais de la raquette. On se promène, on fait beaucoup de marches dans la forêt. Des fois, je vais à Morin-Heights, au parc des Bouleaux. J’aime bien. »

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