Rencontre d’un certain type
Par jc-bataille
Nul si découvert
Vous aimez les romans de science-fiction où surgissent des savants fous, des créatures surnaturelles, des veuves et leurs orphelins secourus par un héros doté de pouvoirs surhumains? Dommage! Ce roman ne contient rien de tout cela, désolé!
Le ton est donné sur la quatrième de couverture. Un résumé déroutant où l’humour se mêle à la dérision. Pourtant, ne vous y trompez pas, le premier roman de Martin Dubé, Nul si découvert, n’a rien de dérisoire. Il nous plonge plutôt dans les méandres de la petite vie d’un écrivain en dilettante, serveur dans un restaurant à temps partiel et papa d’un petit garçon qui pense comme un adulte à temps plein.
Cette toile de fond sonne comme un roman noir, un drame psychologique où l’on plonge le lecteur dans un monde sombre et sournois. C’est sans compter sur un détail: Martin Dubé n’a que deux points communs avec son personnage principal, Serge Trudeau: il est écrivain et il est papa… Sa plume au style fluide et alerte réussit à nous faire sourire, même dans les pires situations, lorsque Serge Trudeau traverse les pires crises existentielles. Quand on est le frère de l’un des Denis Drolet (Denis Barbu), plus rien ne surprend vraiment…
Nous avions rendez-vous à la terrasse d’un bar à Saint-Jérôme. J’étais en avance et j’en ai profité pour passer quelques coups de fil. Je n’avais encore jamais rencontré Martin Dubé et je me fiais donc à la photographie qui ornait le dos du roman. Par mesure de sécurité, je déposais devant moi ledit roman, et, pour passer le temps, je commandais ma première Blanche avec un zest. Les écrivains sont toujours en retard, c’est reconnu! À ma surprise, celui-là était ponctuel. Il n’eut aucun mal à me trouver et m’offrit un sourire gêné tandis que je tentais désespérément de me débarrasser de ma correspondante. (Note du chroniqueur à lui-même: Arrêter de passer des appels pour tuer le temps en attendant que l’écrivain arrive à son rendez-vous.) – (Note du chroniqueur à l’auteur: arriver toujours avec quelques minutes de retard pour laisser au chroniqueur indélicat et impoli le temps de terminer sa communication.) Martin Dubé est né à Saint-Jérôme. Politicien, flûtiste et chef cuisinier sont des professions qu’il n’a jamais exercées. Le jour, il enseigne le Français au secondaire. La nuit, il dort. Le personnage est sympathique et affiche une désinvolture qui correspond bien avec Serge Trudeau, son personnage.
JCB: Ce livre est-il autobiographique?
MD: Non, j’ai eu moins de mal que mon personnage à terminer mon premier roman. Les points communs sont rares, mais il y a toujours des références à nos expériences. Mon personnage traverse des crises existentielles, personnellement, je suis très heureux et équilibré. J’ai même été élu prof le plus drôle par mes élèves.
JCB: J’ai beaucoup aimé le style qui m’a fait penser à la belle époque de Philippe Djian, Quelles ont été vos inspirations?
MD: Je ne peux pas dire que j’ai été influencé par un style particulier. J’apprécie beaucoup Michel Tremblay. J’ai lu tous ses livres, mais j’aime aussi beaucoup d’autres auteurs tels que Guillaume Vigneault et d’autres auteurs québécois. Mon éditeur a dit que j’avais un style urbain, je ne revendique pas forcément cette étiquette.
JCB: Comment avez-vous appréhendé l’aventure du premier roman?
MD: J’ai eu la chance d’être remarqué par une maison d’édition à dimensions humaines. Nous avons beaucoup travaillé sur le manuscrit et même ma femme a mis son grain de sel, c’est à elle que l’on doit le titre. De plus, c’est avec ce roman que les Éditions de Mortagne ont ouvert leur nouvelle collection: Lime et citron.
JCB: Maintenant que le premier est sorti, avez-vous des projets pour l’avenir?
MD: Bien sûr! J’ai déjà commencé à travailler sur le prochain. Le sujet est plus large, il parle de paternité et de maternité. C’est un projet plus ambitieux qui devrait voir le jour à la fin 2008.Malheureusement, à la fin du roman, tous les personnages meurent noyés lors d’un pique-nique à la campagne. Du moins, c’est ce qu’indique le résumé de dernière page… À mon avis, ne vous y fiez pas…