Roman Zavada entame sa tournée à Morin-Heights
Le pianiste Ukrainien Roman Zavada rendait hommage au cinéma muet en improvisant une prestation au piano le week-end dernier à Morin- Heights. Derrière lui, l’écran géant déployé jouait les films de grands auteurs comme Charlie Chaplin et Laurel & Hardy.
L’artiste a aussi créé une sélection d’extraits qui comprend des auteurs moins populaires, comme Harold Lloyd. Il entame sa tournée de 35 spectacles dans le Québec après cette première dans les Laurentides.
Les bobines de 35 mm des frères lumières ne contenaient pas de bande audio. À l’époque, pour couvrir le bruit des projecteurs et créer plus d’immersion, des orchestres accompagnaient certaines diffusions importantes. Lors d’événements particuliers, les musiciens reprenaient des morceaux d’opérette ou de classique. Ils laissaient ensuite, libre cours à leur imagination pour tenir en haleine les spectateurs. Dès 1927, les pistes sonores commencent à être intégrées à l’écran. Roman Zavada embrasse l’art d’improviser sur les pellicules noir et blanc de l’ancien temps.
L’art de l’improvisation
« Par exemple, pour improviser et faire ressortir l’émotion, j’alterne entre les gammes majeures et mineures du piano », confie Roman Zavada. Les « gammes majeures » font ressortir la gaieté, tandis que les « mineurs » sont plus souvent associés à la tristesse, la mélancolie.
« Je peux par exemple reproduire le chant des oiseaux avec des notes plus aigües. Lorsqu’il y a de l’action dans l’histoire, j’accentue le rythme au piano. Je joue beaucoup avec le tempo », souligne le Montréalais.
« Avant d’improviser, j’étudie les passages du film. Finalement, quand la trame commence, on peut dire que je suis totalement soumis au film », explique Roman Zavada.
« À Morin-Heights j’étais placé avec mon piano à queue dans le coin de l’écran. Je ne saurais pas expliquer ce qu’il se passe quand j’improvise. Je suis face au film, et je m’abandonne totalement dans l’histoire. À force, le public m’oublie et ne me voit plus jouer », informe le musicien.
Plus créateur que compositeur
« Je préfère qu’on me considère comme un créateur plutôt qu’à un compositeur », affirme Roman Zavada. Sa mère étant professeure de piano et d’ethnomusicologie à l’université, l’enfant baigne jeune dans le monde symphonique. Il enregistre ses premières compositions dès l’âge de 4 ans.
Après un an de conservatoire, il « fait tout pour le quitter ». À l’âge de 12 ans, il entame sa carrière en autodidacte. La vingtaine dépassée, il est appelé à remplacer Gabriel Thibaudeau, pianiste au sein de la Cinémathèque québécoise de Montréal. C’est à partir de ce moment qu’il entame sa carrière comme musicien de film muet.
En 2013, l’artiste réalise le projet magique d’improviser sous les aurores boréales. Il installe son piano dans le grand Nord, allume quelques lanternes, et laisse ses doigts se balader sur les touches noires et blanches, éclairées par la lueur verdâtre.
L’expérience filmée nommée « Résonnances Boréales », est disponible sur YouTube. « J’ai laissé mon piano au grès du temps à l’extérieur de ma maison. Les sonorités qui en ressortiront seront uniques », parlet- il de son futur projet.