Tous les soleils
Par claude-andre
Comédie lumineuse, euphorique et tout à fait charmante, Tous les soleils vous donnera aussi envie de savourer des pâtes italiennes.
Claude André
Belle gueule d’Italien intello/romantique, Alessandro, 45 ans (excellent et attachant Stefano Accorsi) est musicologue. Il enseigne plus particulièrement l’histoire de la musique populaire du Sud de l’Italie, la tarentelle.
Passionné, il danse sur son bureau devant ses étudiants. Bref, le genre de type qui fait craquer autant les jeunes filles que leur maman.
Cœur gros comme ça, il dispense également des moments de bonheur à des malades dans les hôpitaux en les visitant bénévolement pour leur lire des œuvres choisies entre deux répétitions de la chorale de musique baroque dont il fait partie.
Malgré cela, Alessandro ne brille pas de mille feux : il porte encore le deuil de la dernière femme qu’il a aimée, la mère d’Irina, son adolescente de 15 ans, décédée alors que la petite était encore un bébé.
Cette dernière, avec l’aide de son oncle Crampone (très juste Neri Marcoré), un anartiste fantasque qui est aussi son confident, tente de s’affranchir de l’amour étouffant de son père en s’employant à lui trouver une compagne qui illuminera sa vie, comme le petit nouveau du lycée l’a fait pour elle.
À travers une réalisation lumineuse signée du romancier Philippe Claudel, Tous les soleils dévoile une galerie de personnages secondaires tous plus étoffés les uns que les autres pour nous mener vers une intense, et légèrement parfumé de mysticisme, réflexion sur la mort, l’amour et le rôle de l’art dans la quotidienneté.
Célébration de la beauté
Bref, une comédie à l’italienne sortie tout droit des seventies où s’entremêlent le rire et le drame dans une célébration de la beauté des choses, qui passe aussi par des engueulades à l’italienne, la magnificence de la ville de Strasbourg et la satire politique par l’entremise du personnage très marqué de Crampone.
Lui, qui se fait entretenir par son frère tout en repassant les chemises et en lui mitonnant de savoureux plats, refuse de jouer le jeu du capitalisme, incite son entourage à la rébellion et revendique, toujours en pyjama, le statut de refugié politique!
C’est que l’Italie, ne l’oublions pas, est sous la botte du « dictateur » Berlusconi.
Évidemment, les beaux sentiments foisonnent dans le long-métrage du réalisateur qui nous avait donné le bouleversant Il y a longtemps que je t’aime (2008), mais ils sont ici appuyés par une histoire et des références qui se tiennent.
Et en cette époque de cynisme triomphant, il est parfois salvateur de ne pas bouder son plaisir.
Voilà en somme un très beau film qu’on ne saurait trop recommander.
Suggestion : réservez une table dans votre resto italien préféré, car vous aurez très certainement l’eau à la bouche en sortant de la projection.
Tous les soleils de Philipe Claudel est à l’affiche au cinéma Pine Sainte-Adèle.