Vantage point

Par stephane-desjardins

Honnête divertissement

Le thriller américain Vantage point (Angles d’attaque) de Pete Travis se distingue des autres films du genre par une approche assez originale: montrer une tentative d’assassinat du président américain selon le point de vue de huit témoins, quelques minutes avant et après le drame, en enfilade. Il en résulte un film nerveux, juste assez crédible pour livrer un divertissement honnête et efficace.

D’autant plus que cette formule, risquée pour un thriller, peut briser un rythme conçu pour être intenable. Après tout, n’est-ce pas là les qualités du thriller: un film censé vous suspendre à votre siège, haletant. Malgré les flashbacks, Vantage point maintient le tempo. Le réalisateur en profite pour ajouter une intrigue supplémentaire, dans une deuxième partie plus faible toutefois. Mais néanmoins juste assez soutenue, notamment par une poursuite en automobile haletante. Le film comporte aussi ces scènes raccord, ces «temps morts» destinés à faire tomber quelque peu la pression et à nous faire reprendre notre souffle, tout en fournissant les explications d’usage. Mais il choisit, ici aussi, d’y aller avec une certaine originalité: il distille l’intrigue au compte-gouttes. Qui est réellement méchant? Quels sont leurs motifs? Comment vont-ils s’y prendre? D’où vient cette première explosion? On ne connaîtra jamais la tête des conspirateurs ni ce qui les motive vraiment. Mais on en sait suffisamment pour passer au prochain plan.

Autre aspect rafraîchissant: le côté «humain» de ce film d’action ne gravite pas autour de la classique histoire d’amour. Le réalisateur a préféré s’attaquer aux faiblesses de chacun des personnages. Notamment celles de cet agent des services secrets (Dennis Quaid) qui reprend du service, un an seulement après avoir pris une balle ce qui a sauvé la vie du président, lors d’un autre attentat.

Deux agents sortent du lot: le vieux routier (Quaid) et le jeune premier, qui l’admire visiblement (Matthew Fox).

La façon dont on décortique leur relation est pivotale dans le dénouement de cette histoire. Je n’y ai personnellement pas cru. À vous de choisir.

On se plaît à admirer la façon dont le coup monté contre le président fut habilement ficelé. L’idée d’intervertir plusieurs scènes nous permettant de comprendre comment certains personnages, qui se connaissent nullement avant les événements, verront leur destin se lier inextricablement, n’est pas nouvelle. Un certain Lelouch en a fait sa spécialité. Mais ici, l’effet est parfois saisissant. Évidemment, les invraisemblances se multiplient, surtout vers la fin. Mais on demeure embarqué. Même si on est con­vaincu que le président s’en sortira grâce à notre sympathique garde du corps. Verra-t-on cette certitude confirmée? On s’en fout, car on se laisse transporter par une réalisation efficace, faisant notamment appel à la caméra à l’épaule. On est ainsi complètement dans l’action.

Quelques prestations sont à souligner, notamment celle de William Hurt, qui démontre encore une fois la portée de son immense talent, pourtant avec un tout petit rôle. Et on aimerait que tous les touristes américains soient aussi gentils et ouverts d’esprit que celui qu’incarne Forest Whitaker. Je n’ai pas dit que les Yankees sont tous bornés et stupides lorsqu’ils sortent de leurs frontières, ce qui est loin d’être le cas. Mais ce gars-là affiche réellement une politesse et un dévouement digne… d’un personnage de film!

En sortant du cinéma, on se dit que, finalement, une telle mise en scène est impossible dans la vraie vie. Mais les événements du 11 septembre n’ont-ils pas dépassé la fiction? Cela dit, il n’en demeure pas moins que Vantage point nous a permis d’oublier notre quotidien et avec un peu d’intelligence. Ce qui n’est pas si mal

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