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Guerre tarifaire : L’importance de consommer local

Par Alec Brideau

L’annonce des droits de douane est venue secouer les entreprises canadiennes, mais encore plus les petites ou moyennes entreprises (PME) locales dans nos provinces.

Même si ces droits de douane de 25 % ont été repoussés de 30 jours, les chambres de commerce régionales québécoises, qui représentent les intérêts de ces PME, sont loin d’attendre la prochaine annonce du président américain.

« Le sursis de 30 jours nous permet de voir ce que nous pouvons faire autrement avec la Fédération des chambres du commerce du Québec, déclare la directrice générale de la Chambre de commerce et de Tourisme de Sainte-Adèle, Sonya Ethier. Nous sommes en constante communication avec elle. La semaine dernière, nous avons eu une rencontre avec la présidente, qui, de son côté, avait eu une rencontre avec la Chambre de commerce des États-Unis. Nous sommes donc toujours en pourparlers avec eux pour des développements. »

Mme Ethier mentionne que les chambres de commerce peuvent aider les PME à trouver des fournisseurs locaux. Avec des droits de douane allant jusqu’à 25 %, certaines entreprises vont en ressentir les effets plus rapidement que d’autres.

« Nous avions une campagne d’achat local de prévu pour ce printemps, mais là, nous essayons de la devancer, informe-t-elle. Nos entreprises avaient déjà des défis économiques importants et là, ils doivent composer avec cette nouvelle pression qui peut mettre en péril leur rentabilité et compétitivité. »

Une rencontre régionale des chambres de commerce des Laurentides a lieu chaque semaine et Mme Ethier soulève que dans certains cas, surtout selon l’endroit, il peut y avoir du positif.

« La directrice générale à la chambre de commerce du Grand Mont-Tremblant, Annie Gosselin, a dit qu’en ce moment, elle ne voit que du positif, indique Mme Ethier. Elle a dit que les hôtels sont à 70 % de plus que les chiffres d’affaires de l’an dernier, ce qui est énorme. Nous, en tant que petite ville, nous ne le voyons pas nécessairement. »

Donc, il peut y avoir des retombées positives concernant le tourisme, car la valeur du dollar canadien est basse. Les gens en profitent pour venir dans les restaurants, les hôtels et dépensent ici dans les boutiques qui ne sont pas nécessairement des grandes chaînes de magasins.

Annie Drouin, directrice générale de la Chambre de commerce et de tourisme de la Vallée de Saint-Sauveur – Piedmont, n’est pas prête à utiliser le mot positif pour cette situation. Elle dit toutefois qu’il faut essayer de saisir l’occasion qui se présente.

« Ce sont des mesures qui amènent beaucoup d’incertitudes, dit-elle. Nous avons très peu de pouvoir sur ça. L’ouverture que nous voyons est au niveau du tourisme. Notre bassin commercial à Saint-Sauveur et le territoire que nous couvrons sont majoritairement liés au tourisme. Nous n’avons pas beaucoup de commerçants venant du secteur manufacturier et sommes moins directement touchés par les tarifs. »

La situation aura, pour un endroit touristique comme Saint-Sauveur, un impact au deuxième degré selon Mme Drouin. Avec la valeur du dollar américain étant beaucoup plus haute que celle du dollar canadien, il devient avantageux pour nos voisins du sud de passer des vacances au Canada. Selon elle, ce taux de change doit aussi être considéré lorsqu’on regarde le grand nombre de touristes à Saint-Sauveur ou encore Mont-Tremblant dernièrement.

« Il ne faudrait pas commettre l’erreur de tout mettre sur les droits de douane, s’explique-t-elle. Je crois que la valeur du dollar américain y est pour beaucoup. C’était hyper achalandé durant l’été et nous avons eu un automne incroyable. Pourtant, à ce moment-là, on ne parlait pas de droits de douane. Nous étions déjà sur une belle vague pour stimuler les visiteurs à venir ici. Je pense que les tarifs et le taux de change mis ensemble vont inciter les Américains à continuer de venir, mais je ne voudrais pas qu’on mette tout dans le même panier. »

Mme Ethier précise qu’il faut faire plus que juste encourager local et que la mentalité devrait être de penser local, tout simplement.

« Chaque fois qu’un coup dur arrive, comme avec la COVID-19 ou maintenant avec les droits de douane, le monde parle d’encourager local, explique-t-elle. Pourtant, ça devrait déjà faire partie de la pensée de chacun. Nous voulons que les gens changent un peu leur mentalité et pensent local. »

Une évaluation de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante affirme que pour chaque dollar investi dans une PME, 0,66 $ demeure dans l’économie locale. À titre comparatif, il n’en reste que 0,11 $ lorsqu’il s’agit d’une multinationale et 0,08 $ pour les géants du web (Amazon, Netflix, Uber, etc.).

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