Photo : Simon Cordeau

Patrimoine architectural : L’Étoile de Sainte-Anne-des-Lacs est à vendre

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Témoin de l’histoire de Sainte-Anne-des-Lacs, l’Étoile est à vendre au coût de 3 M$. « Ç’a été un centre de ski, qui a malheureusement arrêté de fonctionner après la construction de l’autoroute 15. Par la suite, ç’a été abandonné un certain temps. Puis ç’a été repris par des nouveaux propriétaires qui ont fait quatre appartements ici », raconte Jean-Robert Tremblay. Le technologue a restauré le bâtiment après que Georges Labonté l’ait acheté, en 2014.

Selon M. Tremblay, l’Étoile devrait être ouverte au public, en devenant une bibliothèque, une galerie d’art ou un restaurant par exemple, a-t-il évoqué lors d’une visite privée en présence de la mairesse Catherine Hamé et du préfet André Genest. « On a réussi à faire quelque chose qui sort carrément de l’ordinaire, mais qui est fait pour vieillir dans le temps. […] C’est un lieu et un site exceptionnels. » D’ailleurs, la propriété inclut quatre lots contigus, ce qui permet le développement d’autres installations sur le site.

Solide

L’intérieur de l’Étoile, lorsqu’il s’agissait d’un chalet de ski. Source : Répertoire du patrimoine culturel du Québec

La structure du bâtiment est faite totalement de béton armé. M. Tremblay a même rencontré l’ingénieur qui a fait la structure du bâtiment. « Il a fait des bâtiments à travers le monde, des ponts et toutes sortes de choses. Et il m’a dit : “De ce que j’ai fait dans ma vie, il n’y a pas plus solide que l’Étoile” », raconte-t-il.

Lorsqu’on entre, un escalier somptueux nous accueille. Autour de la pièce principale, des fenêtres larges et hautes inondent l’intérieur de lumière naturelle, malgré la brume lors de notre visite. De plus, au centre de la pièce principale, où se trouvait le foyer central, une pyramide vitrée a été ajoutée dans le trou de la cheminée, formant un puits de lumière agrémenté d’oeuvres d’art.

Le tout est agrémenté de toiles et de sculptures, et le bois est omniprésent, rendant le lieu chaleureux.

Matériaux recyclés

L’intérieur de l’Étoile a été complètement restauré en 2014 avec des matériaux recyclés. Photo : Simon Cordeau

L’actuel propriétaire, M. Labonté, tenait à intégrer des matériaux récupérés et recyclés au bâtiment historique. Ainsi, le thème principal qui a guidé M. Tremblay dans sa restauration est la forêt, le bois et la nature, souligne-t-il. En guise d’exemple, celui-ci montre le grand mur de bois qui sépare la pièce principale et la chambre des maîtres.

« C’est incroyable. Ce mur-là a une vie, une histoire. Il comporte plusieurs essences différentes. Vous voyez au centre : c’est un coin de maison de 1854. On est allé en forêt, pour récupérer cette vieille maison abandonnée, sur une terre appartenant à M. Labonté. Et on a voulu lui rendre hommage », explique M. Tremblay.

Chaque élément du mur est accompagné d’une petite plaque explicative. Notons un tronc de pin blanc provenant de l’Auberge des Seigneurs de Sainte-Anne-des-Lacs, une poutre en pruche équarrie à la hache provenant d’une maison construite en 1840 sur le bord de la rivière des Outaouais, et même du bois d’Acajou d’Afrique de l’Ouest acheté au Sénégal en 1967.

M. Tremblay parle aussi avec passion du bois de cerisier utilisé pour les rampes d’escalier, les comptoirs et les armoires de la cuisine. « Ce sont tous des éléments qu’on a fabriqué de bois brut accumulé par M. Labonté. Aujourd’hui, tu n’as plus de cerisiers de cette grosseur-là en forêt. C’est une rareté. » Et il en va de même pour l’ardoise du plancher et le marbre de la douche, ajoute-t-il.

Un peu d’histoire

Source : BaladoDécouverte, collection de Michel Andreoli

« En 1960, un centre de ski est aménagé à Sainte-Anne-des-Lacs sur le versant est, appelé Mont Sainte-Anne », indique le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. « La piste court sur 2 200 pieds et la montagne présente un dénivelé de 320 pieds. La montagne est munie d’un remonte-pente moderne. »

L’Étoile, quant à elle, aurait été construite en 1961, d’après des plans des architectes Papineau, Gérin-Lajoie et Leblanc. C’est aussi à eux que l’on doit le pavillon du Québec, construit sur l’île Sainte-Hélène pour l’Expo 67. La structure de l’Étoile a été montée en seulement 3-4 mois, indique M. Tremblay.

« En 1964, une grande partie de la piste de ski du mont Sainte-Anne est amputée par le tracé de l’autoroute des Laurentides. Le centre de ski tente tout de même de poursuivre ses activités, sans succès. La fermeture de la station survient six ans après la construction du chalet », continue le Répertoire.

Après la fermeture, le bâtiment est laissé à l’abandon, avant d’être repris au début des années 1980 et converti en quatre condos : deux en haut et deux en bas. D’ailleurs, les deux condos du bas sont encore largement intacts. Georges Labonté a racheté le bâtiment en 2014.

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