Nos animaux
Par Mimi Legault
Dernièrement, je suis allée voir un film qui s’intitulait Le loup et le lion. À la fin de la représentation, des larmes coulaient sur mes joues. Pourtant, le tout venait de très bien se terminer. Il n’y avait pas de quoi fouetter un chat… ni un lion. Je me suis trouvée, comment dire, à la fois triste et déconcertée devant mon attitude. Comme a dit Guy Bedos, je vais bien, mais si tout le monde allait aussi bien que moi, j’irais beaucoup mieux. Si le monde entier prenait place dans un immense autobus, je crierais au conducteur : ça suffit, je débarque.
Je réalise que la guerre en Russie bouleverse ma vie. Nous sommes le 14 mars au moment où j’écris cette chronique donc, un bombardement n’attend pas l’autre en Ukraine. Imaginez ceux et celles qui sont là-bas. Je fais une parenthèse ici pour rappeler à ceux qui traitaient les PM Trudeau et Legault de dictateurs à la télé lors des manifs, qu’il y a des mots à ne pas employer lorsque l’on est incapable d’en définir le sens. Fermons la parenthèse.
J’ai essayé de trouver une sorte d’oasis pour m’y réfugier de temps en temps au lieu de penser continuellement à ce carnage humain déshumanisé. Je vous y amène l’instant d’une chronique toute simple : je m’approche davantage des animaux et des petits riens du tout du quotidien. Heureusement, j’ai le bonheur facile, mais en même temps, j’y vais à pas de loup (voyez? toujours les animaux), parce que raconter son bonheur, c’est aussi le rétrécir. Pour certains, le bonheur est peut-être une montagne de guimauves dans un chocolat chaud. Pourquoi pas? Moi, c’est cette petite boule noire et blanche qui fait ronronner ma vie au creux de mon lit. Mais il n’y a pas qu’Henri, mon matou.
Demain ce sera deux oiseaux sur une branche. L’un dira à l’autre : « Ah, le printemps est revenu, on entend le chant des… tondeuses ». Ce n’est pas poétique ça? Même les mouettes, ces éternelles mendiantes, aperçues dans le stationnement d’un resto-hamburger, m’ont amusée. Le lapin a longtemps été mon animal préféré. Nous en avions un dans la classe que l’on avait prénommé Snif. Un médecin de Toronto préconise, pour vivre longtemps, la méthode des trois S : salade, scotch, sexe. Ce qui signifierait qu’un lapin alcoolique serait quasi éternel.
J’aime bien les escargots, mais à l’ail et gratinés. Des chercheurs ont établi qu’un escargot (en bonne forme physique) se déplaçait à une vitesse de 3 pouces/ heure, soit assez rapidement pour battre à la course un enfant de 3-4 ans qui se dirige vers son lit.
Cette histoire vraie m’a été contée par mon amie Jo. Elle venait de rencontrer un ami, Georges de son prénom, dans une quincaillerie. Parle, parle, jase, jase. À un moment donné, il lui signifie son irritation devant les proprios d’animaux qui donnent un nom humain à leurs bêtes. Mon voisin, dit-il, a prénommé son chien Georges! « Non mais, c’est d’une connerie », ajouta-t-il. Il lui demande ensuite si Jo avait vu sa femme, il l’avait perdue dans les allées du magasin.
« Non? Alors, je te laisse et je vais tenter de la retrouver. »
Minou, minou, où es-tu?
Chers animaux, ils sont remplis de belles leçons de vie. Le chien de l’une de mes tantes était, selon ses dires, insupportable, mais elle le gardait pour des raisons sentimentales, son mari le détestait…
Ces quelques pensées sur nos p’tites bêtes à quatre ou deux pattes ont-elles réussi à vous faire sourire? Si oui, c’était le but. Nous traversons une zone de turbulences, nos ceintures ne sont pas toujours attachées. Ce qui reste important c’est de ne pas laisser traîner nos p’tits bonheurs dans la poche de l’autre. Et surtout, si vous en êtes capables, offrez un don, si petit soit-il, aux gens de l’Ukraine. Pour faire suite à mon souhait, cette dernière courte histoire. Le feu était pris dans la forêt. Inlassablement, le petit colibri venait déposer une goutte d’eau dans l’incendie. Un animal beaucoup plus gros et plus fort, lui demanda : « Que crois-tu être capable de faire, d’éteindre le feu? » « Non », répondit l’oiseau, « je ne tente pas d’éteindre le feu, je fais juste ma part… »