André Perry et moi
Cela a débuté avec un simple courriel de la part du rédacteur en chef du journal, Thomas Gallenne. Sans tambour, ni trompette, ni émoticône animée, il m’invite à rencontrer André Perry à Saint-Sauveur.
« Thomas ne sait pas comment j’aime la musique rock », me dis-je. C’est vrai qu’on se connaissait encore très peu, moi le pigiste, lui le boss qui commande les reportages. Sinon, il aurait su que son courriel allait me rendre joyeux.
Juste l’idée d’aller rencontrer le fondateur du Studio, une institution dans la musique, cela faisait ma semaine. C’est vrai! Demandez à pas mal tout le monde qui prend le temps de lire les pochettes de leurs disques rock et vous verrez comment ce studio est connu. Au Québec, on est fiers de dire que les meilleurs musiciens de rock venaient chez nous pour enregistrer leurs chansons (en même temps, combien de fois j’ai dû expliquer c’était où, Morin-Heights?).
Alors, je dis « oui » à Thomas. On se rend chez André Perry et je stationne ma petite Nissan Versa 2009 à côté d’une Ferrari rouge. Je dois être au bon endroit, ça fait rock’n’roll ce genre de voiture sport (immédiatement, j’ai en tête l’air de Red Barchetta, une toune de Rush).
André Perry nous ouvre la porte, Thomas et moi, et la discussion s’engage immédiatement sur la terrasse. On est venus pour parler de notre projet d’article sur Le Studio… et André Perry nous dit qu’il n’a pas le goût d’en parler, qu’il ne vit pas dans le passé. « Thomas, l’entrevue va être longue », me dis-je intérieurement.
Ben non, André Perry est une encyclopédie musicale vivante. Et d’une grande générosité. Il répond à nos questions, il s’agissait de bien les formuler.
On parle, on parle, j’ai enfin l’occasion d’avoir des détails sur l’enregistrement de certains des albums qui ont leur place depuis 30 ans dans ma collection musicale : The dream of the blue turtles de Sting, Synchronicity de The Police, Alpha de Asia.
Il y en a même que je ne savais pas qu’ils avaient été enregistrés à Morin-Heights. Combien de fois j’ai dansé sur Saturday night fever sans jamais savoir que l’air qui sortait des poumons de trois Bee Gees venait de nos belles Laurentides?
On parle, mais je ne m’attendais pas à me retrouver dans la salle d’écoute musicale d’André Perry quand je me suis levé, ce matin de juin. Je me retrouve assis dans un divan dodu, dans une pièce décorée des disques d’or d’albums que j’ai seulement en vinyle : Signals de Rush, Boy in the box de Corey Hart.
Perry nous parle avec passion de ses projets actuels et nous livre sa façon de penser sur le développement de l’industrie de la musique depuis l’arrivée du disque compact. Venant de moi, ça serait prétentieux de dire que la musique est meilleure quand on l’écoute sur disque vinyle, que le disque compact et les fichiers MP3, c’est de la merde (depuis le temps que mon chum Berny tente de me convaincre que c’est vrai, pardon mon ami, tu as raison!). Mais quand André Perry lance cela en pleine face, tu acquiesces et tu ne lui apprends pas que tu as récemment numérisé tous tes CD pour les écouter sur ton iPhone.
On ne parle plus, on écoute. Et quand André Perry décide enfin de faire jouer l’album Moving pictures de Rush, je lévite! La technologie de haute définition sonore développée par André Perry fait en sorte que j’ai l’impression d’être dans la même pièce que Geddy, Alex et Neil. J’ai l’impression d’entendre pour la première fois la chanson Tom Sawyer.
L’entrevue terminée, je repars chez moi et je suis sur un nuage jusqu’au lendemain matin. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre de faire une série de textes sur la musique rock dans les Laurentides; j’espère que vous y prenez autant de plaisir que moi j’ai à les écrire. Et n’hésitez pas à me contacter (jeanpatricedesjardins@gmail.com) pour me raconter votre petit bout de la grande histoire du rock’n’roll.