Autopsie d'une défaite électorale

Par journaliste-citoyen

L’examen d’un échec, un post mortem, est toujours utile si l’on sait tirer les leçons d’une défaite. Qu’en est-il de l’expérience vécue par Claude Descôteaux, évincé de la mairie de Sainte-Adèle, après une courte période de 20 mois au pouvoir?

Il est intéressant de noter que le rapport des forces avant l’élection lui était très favorable. Nous allons d’abord étudier ce contexte et ensuite les raisons de son départ.

Un contexte favorable
– La population de Sainte-Adèle, après une succession de personnalités diverses à la mairie, avait besoin de stabilité et de leadership. Elle a donc fait confiance aux promesses électorales de M. Descôteaux.
– M. Descôteaux possédait de puissants appuis financiers, en particulier celui de la Chambre de commerce, à laquelle, d’ailleurs, il a remis une fois élu une subvention de 150 000 dollars.
– M. Descôteaux avait l’appui des médias et un quasi-monopole de l’information. Par exemple le journal La Vallée-Les Pays-d’en-Haut a publié bien peu de textes osant mettre en cause l’administration de la ville.
– M. Descôteaux était le seul bénéficiaire d’une campagne publicitaire de luxe, omniprésente et soignée. On voyait, aux quatre coins de la municipalité, des panneaux électoraux avec de belles photographies de M. Descôteaux en complet, la moustaches bien taillée, dominant de sa stature un membre de son équipe. Il est à remarquer qu’aucun membre de cette équipe n’était photographié seul. Tout était centré autour du «guide providentiel». Du haut de son panneau publicitaire le chef suprême jetait un regard paternaliste sur le menu peuple, ses administrés.

Nous sommes en droit de nous demander, pour quelles raisons, malgré ce contexte éminemment favorable, M Descôteaux s’est fait battre à plates coutures, par une telle majorité.

Les raisons de la défaite

Faiblesse du discours électoral

Dans toute activité il y a la forme et le fond. Si la forme de la campagne électorale était respectée, le fond, le contenu du discours, laissait beaucoup à désirer. Les Adèlois n’ont pas seulement voté pour des images publicitaires, si belles soient-elles, mais aussi pour une définition de l’avenir de leur cité. M Descôteaux n’avait pas de programme structuré et peu d’idées. Les seules idées originales contenues dans sa brochure électorale lui ont été fournies par l’équipe adverse qui, au cours de trois rencontres publiques, avait demandé aux citoyens de donner des suggestions sur l’administration de la ville. Des slogans comme «relancer l’économie, cela fera baisser les taxes à long terme» restent bien vagues.

Absence de communication

M. Descôteaux gouvernait seul dans le secret de son bureau. La majorité des décisions concernant l’avenir de la ville n,a pas été prise lors des séances publiques du conseil municipal mais lors des 13 réunions extraordinaires qui ont ponctué son règne, réunions auxquelles assistaient au plus 7 à 15 personnes. Il est alors tout à fait normal que le grand public se pose des questions sur la validité du plan de mettre un parc public à la disposition d’un promoteur privé… S’agit-il vraiment d’une activité économique en faveur de tous les citoyens, promouvant le bien public?

Personnalisation du pouvoir

M. Descôteaux a développé le culte du chef providentiel, du sauveur, du patriarche biblique qui va mener un peuple ingrat vers la terre promise. En fait il se contentait d’appliquer la maxime de Napoléon: «L’autorité vient d’en haut et l’obéissance vient d’en bas». Le seul problème est qu’il n’avait pas le génie organisateur de Napoléon!

M. Descôteaux a-t-il su tirer une leçon de sa défaite cuisante? Les propos qu’il a tenus après l’élection, nous incitent à en douter. Selon lui – et nous paraphrasons: l’opposition fait croire aux Adélois que les problèmes à résoudre étaient simples, ce qui n’est pas le cas. L’opposition a donc trompé un peuple crédule que, lui, était seul apte à guider!

M. Descôteaux, les grands hommes, les chefs de file ont, parmi leurs nombreuses qualités, de la classe. Avoir de la classe aurait été de féliciter publiquement dans le journal l’équipe gagnante de la belle campagne qu’elle venait de mener. La population adéloise venait de faire un choix démocratique et d’exprimer sa volonté.

Il serait sage, pour tout candidat en politique, de respecter ce choix et de reconnaître objectivement les raisons d’une défaite.

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