De retour du Kilimandjaro

Par marjorie-roy

Un témoignage de Marcelle Langlois

Le 14 octobre dernier, Marcelle Langlois, copropriétaire du salon d’esthétique Ciao Bella de Saint-Sauveur, préparait tranquillement ses valises à la maison en vue de son départ pour la Tanzanie…

Vêtements chauds, espadrilles de montagnes, tout était calculé afin de faire de sa mission de l’ascension du Kilimandjaro au profit de la Fondation de l’Hôpital Saint-Jérôme une réussite en soi. Cinq jours de montées intenses et une foule d’émotions plus tard, cette fonceuse nous raconte avec fébrilité son aventure où le mot détermination a pris tout son sens.

Prête au décollage, Marcelle Langlois était aux côtés de son équipe de vingt-trois grimpeurs avec qui elle s’entraîne pour ce périple depuis plusieurs mois. Ne se connaissant ni plus ni moins, ce groupe n’a qu’un seul but en tête, celui de monter le Kilimandjaro sans trop de difficulté. Toutefois, cette ascension ne fut pas l’unique souvenir marquant de cette aventure. «Nous sommes arrivés en Tanzanie, et j’ai vraiment compris ce qu’est la misère. Cette incapacité de changer les choses m’a vraiment bouleversée. Même si j’avais des millions et des millions de dollars, je ne pourrais pratiquement rien améliorer à cette situation», raconte Marcelle. Tous en état de choc de cette grande tristesse, le groupe s’est dirigé vers leur l’hôtel où ils ont demeuré quatre jours. «Notre première journée en Tanzanie fut très agréable. Nous avons visité les alentours. Malheureusement, la deuxième fut tout le contraire. Afin de nous préparer à l’ascension du Kilimandjaro, nous devions monter le mont Mérou. Au cours d’une randonnée avant cette expédition, j’ai glissé et je me suis blessée. Mon genou droit est devenu aussi gros qu’un pamplemousse. J’ai malgré tout voulu participer à l’aventure du mont Mérou. Par contre, rendue à 2 500 mètres d’altitude j’ai du m’arrêter, car ma blessure ne me permettait pas de continuer». Après une petite visite à une clinique du coin pour une piqûre de cortisone, Marcelle a dû se reposer pendant 48 heures afin d’être apte à la prochaine étape de son voyage: le Kilimandjaro. «L’état des lieux était lamentable. C’est digne des films des années 1800, mais je n’avais pas d’autres choix que de leur faire confiance». Une fois reposée, cette aventurière enfila ses bottes et fit les premiers pas de cette grande aventure.

La conquête du Kilimandjaro s’est étalée sur cinq longues journées de montée. «Le lever du matin se faisait à 5h30. Ensuite nous avions près de deux heures pour nous préparer et déjeuner, car dès 7h30 nous débutions notre journée de marche». Pour réussir cette belle mission, Marcelle avoue que le secret résidait dans le rythme des pas. «Ce fut très demandant au niveau du temps. Nous marchions entre 8 et 12 heures par jour. Et pour ne pas me fatiguer trop rapidement, je devais marcher lentement et bien déposer mon pied». À 4 200 mètres, Marcelle célébrait son anniversaire. «Ce fut un moment inoubliable. Je ne m’attendais à rien du tout compte tenu des circonstances. Mais mon équipe avait recueilli des cartes d’anniversaire de mes proches et les guides m’ont offert un gâteau. Ces petits gestes m’ont donné beaucoup d’énergie pour poursuivre». Deux cents mètres d’altitude plus loin, cette battante eut un moment de désespoir. «Avant notre départ, les gens de la Fondation de l’hôpital Saint-Jérôme nous avaient tous remis une lettre en cas de découragement. Rendue à ce point, j’ai eu besoin de réconfort et je l’ai ouverte. Cette lettre venait des parents d’un petit garçon atteint d’une maladie. Ces derniers m’expliquaient dans cette lecture le pourquoi de mon geste présentement. Leur fils avait besoin de moi et je me devais de me rendre jusqu’au bout». Ce rappel à l’essence de ce voyage lui a permis de reprendre le pas et de gravir cette montagne jusqu’au sommet. La veille de l’atteinte de la cime, seulement deux heures de marche séparaient Marcelle de cet accomplissement. Pour vivre ce moment en toute beauté, les grimpeurs se sont réveillés trois heures plus tôt afin d’arriver à leur but au même moment que le lever du soleil. «Le plaisir d’être présent à ce moment de la journée nous a permis de savourer notre victoire seule. J’ai dégusté le paysage au maximum et je me suis connectée à mes émotions comme je le voulais». Mission accomplie, Marcelle redescendit ces 5 895 mètres le sourire aux lèvres d’avoir relevé ce grand défi. Une descente qu’elle décrit beaucoup plus ardue que la montée.

Bien que cette aventure fût excessivement physique, cette mère de famille avoue que l’ascension du Kilimandjaro est avant tout une question de mental. «J’ai rencontré au fil de ces 5 jours la Marcelle en moi. Nous ne nous écoutons jamais assez et cette expérience m’a permis de vivre une rétrospective de ma vie et d’apprendre à m’écouter». À cet autre bout du monde, loin de son chez-soi, cette dernière reconnaît avoir découvert une force de caractère immense. Malgré le froid, l’intensité et la fatigue, Marcelle ne regrette aucunement ce beau voyage. «Je reviens avec une foule d’émotions et un sentiment de liberté inexplicable. Je sors extrêmement grandie de cette expérience».

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