Le «compte $$» de Noël!
Par jocelyne-cazin
Pour décembre, plusieurs chroniqueurs-invités au cours des derniers mois, qui ont écrit pour Accès, font un nouveau tour de piste… Cette semaine, place à la lumineuse Jocelyne Cazin, avec un «compte» de Noël qui fait penser…
Décembre 2008.
Il était une fois… un coin de pays entre Blainville et Mont-Laurier, qui malgré ses plus beaux atours, cachait derrière sa nature bucolique une tristesse et une souffrance insoupçonnées.
Il était une fois… des chalets dans les Laurentides qui pour la première fois depuis belle lurette, demeuraient vides, malgré des quantités de neige à faire rêver tous les skieurs.
Il était une fois… un pays qui après plusieurs mois de résistance était bel et bien entré dans une récession à faire frémir tous les baby-boomers.
Il était une fois… des consommateurs qui n’écoutant que leur désir, achetaient tout ce qu’ils voulaient sans compter, pour se convaincre qu’ils méritaient une bien meilleure qualité de vie. On les voyait tout l’été autour de splendides terrains de golf jouer à la richesse, comme à la roulette russe, alors qu’à l’intérieur de la demeure, quelques meubles suffisaient à peine à combler les pièces. Dehors, deux ou trois autos, parfois un bateau qui cet été particulièrement, faisait cale sèche près du patio.
Après avoir gonflé à bloc les 52 cartes de crédit, après s’être laissé berner par tous ces banquiers et publicités, après avoir vécu toutes les fables de Lafontaine, le pot au lait s’est fracturé au sol, laissant au regard, des millions de pépites d’or imaginaires.
Bien sûr comme dans toutes fables, certains en ont profité.
C’est ainsi qu’il était une fois… une chaine de restauration très très rapide qui profita du désarroi financier dans le monde, pour s’emparer d’une nouvelle clientèle: celle qui à mesure que son corps grossissait, voyait son compte de banque fondre comme neige au soleil, permettant ainsi au célèbre clown d’augmenter ses ventes et de sourire sur le dos de cette nouvelle pauvreté.
Qu’est-il donc arrivé pour apercevoir à l’horizon du désarroi autant de gens peinés par leur nouvelle existence? On peut bien émettre toutes sortes d’hypothèses, elles se valent bien. Je vous soumets humblement celle-ci:
Il était une fois… toute une société qui ne croyait plus aux contes de Noël et qui n’avait jamais entendu parler de la fête de la famille, de la réconciliation, de la générosité, des mots aujourd’hui presque oubliés.
Il était une fois… des parents, des enseignants, des employeurs, qui n’avaient plus le temps de montrer à la relève comment vivre ses rêves plutôt que rêver sa vie.
Il était une fois… des amitiés débridées, superficielles et sans lendemain, des amitiés ou le chacun pour soi ne connaît pas «qui donne au suivant».
Il était une fois… des banques alimentaires qui criaient famine, des gouvernements toujours trop gourmands, des consommateurs paniqués et des banquiers affamés.
Heureusement, Il était aussi une fois… de beaux moments de vérité, des amitiés bien scellées, des parents bien présents, des enseignants qui y croyaient vraiment.
Il était une fois… la force du nombre et la volonté de quelques-uns, qui m’incite à croire que les contes de Noël peuvent encore nous faire espérer que demain sera meilleur et plus serein.