Le Plan Sud
Je ne sais pas si nous allons reparler avec notre nouveau gouvernement du Plan Nord, mais aujourd’hui se pose la question de tous ces investissements.
Argent public que l’État investit dans les infrastructures qui permettront aux compagnies d’engranger de substantiels profits, avec des retombées notables et bénéfiques pour les actionnaires plus que pour l’État. Il n’y a pas que ce Plan Nord, il y a toutes sortes de projets dans lesquels l’État met des billes en attendant d’hypothétiques retours.
Il y en a un qui ne cherchera plus des subventions, qui n’organisera plus de souper bénéfice ou de spaghoton, c’est le Docteur Ouimet. Non, je ne suis pas passé du coq à l’âne. C’est ce même argent qui manque aux services hospitaliers de la province, et il y a des gens qui s’échinent pour le trouver. L’image de ces quêtes incessantes pour renflouer les caisses de tant d’organismes centraux de la vie des gens est telle que nous sommes maintenant définitivement culpabilisés si nous ne mettons pas la main à la poche et si nous ne faisons pas l’aumône. Depuis les ambulances, la prise en charge des enfants en difficulté, les enfants handicapés ou amputés, toutes ces horreurs sociales on nous les impute de telle manière que désormais l’État est le grand absent, et nous, nous sommes les grands coupables si nous ne donnons pas généreusement.
Je ne connaissais pas le Docteur Ouimet, je ne sais rien de la légitimité de son combat, mais je sais qu’il a disparu de la carte et l’on dit que c’était pour l’hôpital de Saint-Jérôme. L’idée en valait une autre, il n’est pas le seul à prendre des risques et les valoriser pour une bonne cause. Je trouve indécent que l’argent public soit utilisé avec si peu de discernement. J’entends d’ici les critiques: si on ne favorise pas l’emploi en aidant les entreprises, les taxes ne rentreront pas et nous aurons de moins en moins de services. Bon, alors depuis qu’on aide les entreprises avec des programmes mirifiques, je ne vois que les programmes baisser, que les services aux particuliers décliner, que les soins de santé péricliter. Et que des Docteur Ouimet sont conduits par le destin ou la mécanique du don à risquer leur peau. Quelles sont les véritables obligations pour les compagnies aidées de remettre l’argent ainsi dévoyé, détourné, disons-le de la poche du payeur de taxes?
J’en conclus donc que depuis des décennies ce capital remis par l’État est perdu. Que les crédits d’impôts octroyés à telle ou telle entreprise lui permettent de s’enrichir sur ses activités privées. Alors, ne pourrait-on pas étudier un peu mieux les programmes d’investissements publics, et faire en sorte que les impôts et taxes servent à autre chose que de financer des Chinois qui vont extraire du fer là-haut dans le Nord? Et que nous ne soyons pas obligés de mendier honteusement pour nos enfants, nos handicapés, et je-ne-sais quelle frange en détresse du peuple? Nous voyons trop souvent dans la presse locale ces clichés débiles de chèques de trois mètres de long, remis au profit de tel ou tel organisme. On préfèrerait voir le lancement d’un Plan Sud, véritable contrat social et financier passé avec des entreprises locales, dont on serait convaincu qu’elles rempliraient les caisses de l’État en partageant les profits. Et que les quêtes ne soient plus que l’ultime recours, et l’aumône le dernier geste du cœur, humble anonyme et discret.