LES GAYS NOUS GAVENT
COUP DE GUEULE
Oui, en tous les cas moi, ils me gavent. Ce qui se passe dans les chambres à coucher, toutes les chambres à coucher, ne nous regarde pas, c’est une affaire entendue. Chacun fait ce qu’il veut de lui même, de son corps, de ses sentiments. Ceci est incontestable, et ne devrait ne nous causer aucun problème, ni de comportement ni philosophique.
Par contre, la pensée commune, encore elle, m’oblige à me trimballer toute la journée avec un sac à vomi. Cette pensée commune qui est le déversoir de toutes les hypocrisies, et oblige la communauté des bien pensants à afficher les mêmes pas de polka tous ensembles, dans une synchronisation aussi parfaite que pitoyable. Cette pensée unique qui nous voit, ou plutôt qui vous voit d’un air entendu dire que oui, vous êtes large d’esprit, et que malgré tout, faut ce qui faut, vivre avec son temps, et puisqu’il y a de l’amour, laisser les gays se marier. Et tous de vilipender les églises (catholiques, juives et musulmanes) pour la réserve sur laquelle elle se tiennent afin de refuser ce droit au mariage.
Il me semble, pour pouvoir traverser cette vallée de larmes qu’est la vie, sans trop laisser de plumes, que le grand art du comportement socialement acceptable, est de toujours demander aux autres ce qu’ils peuvent raisonnablement vous donner. Un des ingrédients de la recette si compliquée de la vie en bonne intelligence avec les autres bipèdes. Partant de ce principe somme toute simple et clair, pourquoi demande-t-on aux églises, ce qu’elles ne peuvent vous donner, le mariage homosexuel ou la contraception? C’est forcément aller au conflit. Les églises, la foi, la manière dont se vivent spiritualité et religion reposent sur des dogmes, qui sont comme les statuts constitutifs de ces ensembles. Dès lors, leur demander de transgresser ces statuts, ce serait comme leur demander de renier leur dogme. Il me semblait que l’acceptation sociale de l’union entre personnes du même sexe suffisait, et que son prolongement juridique, l’union civile, donnerait aux homosexuels l’assurance que l’inscription de ce phénomène dans la société leur rendrait justice. Et qu’ils auraient un statut civil leur permettant d’avoir en tant que couple les mêmes droits que les autres couples.
Apparemment non! Au XXIe siècle, où la pratique religieuse est en chute vertigineuse, où les hétérosexuels se détournent du sacrement du mariage, comme de tous les autres sacrements du reste, où les églises ne font le plein que le soir de Noël comme pour racheter cette débauche consumériste, à cette heure universelle de renoncement à la religion, se lève une cohorte de gays qui réclament ce sacrement, une sorte de défi ultime à leur reconnaissance. Au moment où nous tentons de faire sortir le religieux de notre vie de tous les jours, on nous force la main pour alourdir ce mouvement de considération des homosexuels, pour le rendre encore plus lourd et significatif. Nous vous avons reconnus, pas la peine d’en faire cet ultime plat, une dernière gesticulation qui va pourrir le débat. Et ça n’est pas que j’aime ou n’aime pas les gays! Se positionner de la sorte montrerait que j’ai un problème avec eux. Non, je n’ai aucun problème, je ne cherche pas à défendre les églises non plus. J’observe, je regarde cette lutte, et au risque de me répéter, je me demande pourquoi ils réclament ce que manifestement on ne peut leur donner.