On n’en guérit jamais
Par Martine Laval
Deux fois par mois, ACCÈS donne la parole à deux chroniqueuses qui n’ont pas la langue dans leur poche:
Martine Laval et Denyse Pinsonneault. Des chroniques d’humour et d’humeur où ces deux plumes parleront de la réalité d’une population omniprésente et passionnante, qui n’est pas suffisamment dans les médias laurentiens: celle de la génération 50-65. Des textes pour sourire, rire et réfléchir!…
Tout au long de notre vie on se bâtit des souvenirs. C’est ce qu’est la vie en fait: un paquet de souvenirs! Mais voilà! Un souvenir, c’est peut-être du passé mais c’est également la souvenance dans la mémoire, d’une sensation, d’une impression, d’une idée, d’un événement passés, dit M. Larousse.
C’est du passé, mais c’est la «souvenance de…». Ce n’est donc pas quelque chose qu’on oublie nécessairement. Ça s’imprime dans la mémoire et on ferme le tiroir, pour un temps.
On dirait, à 55 ans, que la vie a le don de nous faire souvenir, en mettant sur notre chemin, des bribes de notre passé. Une rencontre, une situation, un événement nous ramène en arrière et nous fait revivre quelque chose qui nous a marqués, juste pour voir où on est rendu en fait.
A-t-on fait la paix avec telle ou telle situation? A-t-on bien réglé en dedans de nous ce problème qui nous travaillait tant, nous dérangeait. A-t-on fait la part des choses adéquatement quant à certaines situations. Il semble que oui la plupart du temps mais il y a des exceptions, comme revoir quelqu’un qui surgit de notre passé sans crier gare. Ça peut entraîner une situation loufoque, embarrassante, dérangeante, provocante.
Qu’est-ce qu’on fait? On la vit pleinement sans trop poser de questions et on attend la suite des choses!
Les réseaux sociaux comme Facebook sont l’outil idéal pour provoquer ce genre de situation. On peut chercher sans être vu, on peut espionner sans se faire prendre, on peut se cacher derrière l’écran. On dévoile ce qu’on veut, on laisse ou non rentrer dans notre vie virtuelle qui on veut, et la limite est celle qu’on veut bien y mettre.
Par contre, une fois le contact établi, par où commence-t-on les retrouvailles? Que doit-on dire, raconter, dévoiler? On se casse bien la tête parfois parce qu’en fait les gens ne changent pas nécessairement. Ceux qu’on a bien connus bien sûr. Malgré les années, les sentiments qui existaient ressurgissent, même si on avait décidé il y a longtemps, de les taire ou d’en faire fi. Ça provoque, ma foi, des situations surprenantes.
J’ai entendu parler de belles histoires d’amour impossibles à vivre plus jeune mais tout à fait adéquates à le faire à 50 ou 60 ans. Des gens qui avaient dû mettre fin à un désir, ou mis de côté une envie de partager quelque chose et qui, chemin faisant, constatent que la vie allège tout ça et permet désormais de laisser libre cours à ce qui aurait pu être mais n’était pas mûr.
Je trouve que la vie est bien faite quand on prend le temps d’en écouter les messages. Et c’est ce qui est beau d’avancer en âge. Ne plus se battre mais laisser aller. Lâcher prise. Attendre et constater que ce n’est pas si difficile de forger sa vie. C’est long parfois pour certaine chose mais quand on y croit ou qu’on y a cru profondément, la vie finit par la mettre sur notre chemin. Elle sait très bien ce qui est bon pour nous. Elle a le don de provoquer les situations adéquates au bon moment.
Lorsque ça arrive enfin, on dit que ça aurait été bien que ça se passe avant, mais le problème est qu’avant n’était pas le bon moment. Maintenant ça l’est. Et c’est comme ça pour tout j’imagine.
Il n’y a pas d’âge pour vivre ce qu’on désire, ce qu’on souhaite. Il y a juste un apprentissage à la patience et à la confiance en soi, en la vie, en l’avenir.
Pour ce qui est de l’amour, on n’en guérit jamais. Quand on aime l’amour, on l’aime pour toujours.