Un coup de foudre horticole sur les Plaines d’Abraham
Je ne me lasse jamais de regarder les fleurs. En fin de semaine dernière, j’ai été comblée. Je suis sortie de mes belles montagnes, pour aller faire un tour du côté de Québec.
La météo frôlait la perfection; un ciel sans nuage, une brise chaude… Le Vieux Québec, et sa vue imprenable sur le fleuve où des centaines de voiliers tanguaient, facile de s’y plaire… Mais mon coup de foudre de la fin de semaine, c’est Le Parc des Champs-de-Bataille, et plus particulièrement le jardin Jeanne d’Arc, sur les Plaines d’Abraham.
C’est un immense jardin rectangulaire, légèrement en contrebas. De loin, il a toute l’apparence du jardin français: géométrique, linéaire, structuré. Mais quand on y entre, en descendant quelques marches, on se retrouve plutôt au milieu d’un jardin à l’anglaise. La végétation déborde de partout, les couleurs se mélangent et se marient. Les plantes semblent avoir été plantées spontanément plutôt que méthodiquement. Évidemment tout ça n’est qu’illusion puisqu’une planification s’impose pour réussir un jardin à l’anglaise.
Je ne connais pas la dimension exacte du jardin, mais il doit faire environ 200 à 250 pi de long par 75 de large. On y retrouve environ 150 espèces dont 70% sont des vivaces. Il y a également quelques arbustes, conifères et rosiers, et le tout est complété par un bon nombre d’annuelles. Et le mariage est franchement réussi.
J’ai bien regardé les vivaces évidemment, mais ce qui m’a frappée particulièrement, c’est l’intégration harmonieuse des annuelles au travers toutes ces vivaces. Évidemment, les annuelles ont été plantées en massif, mais sans voler la vedette aux autres plantes. Elles sont une parmi tant d’autres, avec leur raison d’être en couleur et en hauteur. Et évidemment on a choisi celles qui ont un «look» de vivaces!
Comme le jardin est en contrebas, la première partie de la plate-bande de l’intérieur est au niveau du trottoir, et donc on a utilisé certes des vivaces de type couvre-sol, mais aussi plusieurs annuelles basses; des annuelles qu’en fait on utilise rarement en pleine terre, mais plutôt comme retombantes dans des bacs ou boîtes à fleurs. Je pense entre autres à la scaevola, à qui soit dit en passant je décerne la médaille d’or des annuelles cette année encore, pour une performance hors du commun. Disponible en bleu, rose et blanc, au soleil ou à la mi-ombre, cette annuelle fleurit sans relâche et sans entretien jusqu’aux gelées. En pleine terre, comme tapis, c’est spectaculaire! Et au jardin Jeanne d’arc, on l’a combinée avec une autre plante utilisée d’habitude surtout en contenant, l’helichrysum silver: une retombante au feuillage gris duveteux. Le contraste du gris avec la scaevola bleue rappelle les couleurs de la lavande, et au sol, c’est tout simplement surprenant et rafraîchissant.
Dans les annuelles un peu plus hautes, ils ont aussi intégré quelques-unes de mes préférées: la gaura en est une. Des fleurs en forme de papillon, blanc ou rose, 75 cm de hauteur, du soleil à la mi-ombre aussi, la gaura est une vivace non-rustique donc qu’on utilise comme une annuelle. Magnifique! Il y a aussi l’héliotrope, en bleu violacé ou blanc, qui dégage un léger parfum, et attire les papillons. Au jardin Jeanne d’Arc, ils en ont fait des massifs en bleu devant de la rudbeckie jaune et du phlox blanc. WOW! À couper le souffle! Plusieurs salvias aussi ont été utilisées, toujours très jolies, en bleu, blanc ou rose. Je m’en voudrais de ne pas vous parler de la cléome senorita, une cléome plus compacte, qui porte une multitude de fleurs sur chaque plant et qui fleurit abondamment tout l’été. Superbe!
Et évidemment je n’ai pas encore parlé des graminées annuelles, des cannas, ricins, aux feuillages tantôt verts, tantôt bourgognes qui donnent définitivement de la gueule à la plate-bande, au point où c’est certain que j’en utiliserai plus la saison prochaine.
Drôle de temps pour vous parler d’annuelles direz-vous. Mais en fait, c’est plutôt le temps de faire le bilan de ce qu’on a aimé cette année et de trouver des idées pour l’année prochaine. Et c’est ce que j’ai fait en fin de semaine: j’ai fait le plein d’idées, dans un cadre enchanteur, en me promenant avec mon père.
J’ai appris en fin de semaine que très jeune, sa mère lui demandait de temps à autre de l’accompagner pour une promenade dans le jardin Jeanne d’Arc, au coin de sa rue. C’était au début du jardin qui a été conçu et réalisé en 1938….
Je n’ai pas eu le plaisir de connaître cette grand-mère, Blanche. Mais soudainement, en ce beau dimanche, je me suis sentie tout près d’elle, très bien, entourée de fleurs…
Chantal Rochette
Au Coin du Jardin