Éditorial de Joëlle Currat

Par Joëlle Currat

Par Joëlle Currat, Directrice de l’information

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Êtes-vous « woke » ?

Quand je fais des entrevues avec des personnalités, je leur pose souvent la question : dans le relatif chaos du monde actuel, quelle est selon vous la qualité ou la vertu la plus nécessaire ? Les réponses sont variées. On me parle d’écoute, de bienveillance, de tolérance, d’ouverture aux autres, à la différence.

En ce qui me concerne, je considère le discernement comme la faculté la plus importante à développer à l’heure actuelle. Aujourd’hui, on utiliserait plus volontiers l’expression : « woke ». Un terme anglais à la mode qui signifie être éveillé et plus précisément être conscient des injustices sociales et des manipulations de toutes sortes, selon la définition du « Urban Dictionary ». Ce terme s’est d’abord répandu à la faveur du mouvement Black Lives Matter (apparu en 2013) contre les violences policières dont sont victimes les Noirs aux États-Unis, pour ensuite se populariser sur le Net, peut-on lire dans le journal « Le Monde ». Le mot woke englobe aussi le fait de voir le monde au-delà des apparences et de découvrir d’autres facettes de la réalité que celles qu’on veut bien nous faire croire. Un peu comme Néo, le héros du film « La Matrice » qui découvre une nouvelle dimension de la vie sur Terre après voir avalé une pilule rouge.

Où est la vérité ?

Qui dit la vérité ? Quelles sont les sources d’informations fiables ? À qui faire confiance ? Voilà des questions récurrentes auxquelles il est de plus en plus difficile de répondre. Et pas seulement quand on consulte les médias. Le marketing et la publicité sont passés maîtres dans l’art de nous vendre à peu près n’importe quoi, des choses dont on a soi-disant besoin et que notre voisin ou nos proches, eux, possèdent déjà. Il faut faire preuve de beaucoup de discernement quand on essaie de nous faire acheter quelque chose, un bien, une idée, un vote.

Est-ce qu’on est plus futés aujourd’hui que le furent les sociétés d’hier ? Si nos ancêtres ont souvent fait confiance aux hommes d’église sans avoir connaissance des crimes perpétrés par certains d’entre eux, aujourd’hui, manque-t-on de discernement par rapport à la science et à la médecine ? La méthode scientifique n’est pas en cause. C’est plutôt le caractère douteux et peu rigoureux de certaines études financées par des entreprises qui en influencent les résultats. La Presse révélait en 2017 que près d’une centaine de scientifiques canadiens avaient été punis pour malhonnêteté et qu’ils étaient de plus en plus nombreux à se faire prendre. Et que dire du monde économique et bancaire ? Un domaine très complexe et beaucoup moins solide qu’on ne le pense, selon bien des experts.

Développer son discernement

Évidemment, il ne s’agit pas de tout rejeter en bloc. Voilà en quoi le discernement est vraiment utile et permet de séparer le bon grain de l’ivraie, selon l’expression consacrée. Cette faculté est assez subtile : c’est un mélange d’analyse rationnelle et d’intuition, de ressenti. Ainsi, si nos sens détectent chez une personne, par exemple, une première information – une belle apparence, une élocution sans fautes – encore faut-il en parallèle ressentir, capter d’autres éléments qui viendront compléter et confirmer ou non cette première impression. Une démarche valable pour toute information, tout input qui entre dans notre système. Pour résumer, comme le dit le nutritionniste urbain Bernard Lavallée : « N’avalez pas tout ce qu’on vous dit! »

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