Build it and they will come

Par Josée Pilotte

Un autre petit miracle s’est produit cette semaine. Après 17 longues années d’attente la MRC des Pays-d’en-Haut dévoile (enfin) son projet d’interconnexion baptisé «Vélocité»; cette fameuse piste cyclable reliant le Parc Linéaire le P’tit train du Nord au Corridor aérobique de Morin-Heights. Je crois que l’on peut sans contredit appeler ça un miracle, oui!

Quand on dit que la politique c’est long à aboutir et que les fleurs dans le tapis sont nombreuses, voilà un bel exemple d’embourbement, de brassage de papier et d’empapaoutage de mouches de nos dirigeants.

Mais, je me suis promise de ne pas faire de sarcasme sur le sujet, ni de trouver les points négatifs de ceci et cela, de ce long parcours qu’aura été ce projet d’interconnexion dans notre beau coin de pays. Et quand j’entends dans la bouche du préfet Charles Garnier: «promouvoir un mode de vie sain, vélo, déplacement alternatif», je ne peux que me réjouir de voir ce projet aboutir après tant d’années.

Peut-être sommes-nous vraiment au début de quelque chose de grand pour notre MRC. Peut-être sommes-nous enfin à mieux redéfinir notre identité pour ainsi mieux la protéger. Je sais, j’ai dû l’écrire je ne sais plus combien de fois dans mes chroniques, mais si on veut avoir une identité forte où il fait bon vivre, il est important d’investir et de s’entendre dans des projets porteurs et rassembleurs comme celui-ci. C’est l’fun aussi de voir que nos politiciens voient nos richesses et notre potentiel économique à travers les mêmes lunettes que nous. Et si on prend au mot le discours de notre cher préfet qui souhaite que la MRC se positionne comme un territoire accueillant et favorable à la pratique du vélo, alors allons jusqu’au bout de la démarche et souhaitons que la MRC voit le développement du vélo de montagne comme un positionnement tout aussi valable et viable. Et d’ailleurs plusieurs municipalités croient déjà en ce positionnement et participent au développement de leurs réseaux.

2,3 millions de dollars pour 11 kilomètres d’aménagement dont une bonne partie en chaussée partagée, ça fait cher du pied linéaire. Mais comme j’ai dit que je ne cherchais pas des poux sur la tête du préfet, j’attendrais qu’il finisse de ventiler avant qu’il nous ventile son projet. Parce que je suis quand même curieuse de savoir qu’est-ce qui va bien coûter 2,3 millions, quand on sait qu’au final on va avoir un partage de la route sur la rue Principale de Saint-Sauveur et sur le chemin de l’Église?

Mais bon, au-delà des millions et des infrastructures, j’espère que les villes et les commerçants seront plus accueillants pour les cyclistes qui sont de plus en plus nombreux et qui sont une manne pour l’économie locale.

Bike Friendly?

On n’est pas encore rendu là, mais si on a la volonté d’adopter ce nouveau mode de déplacement et de faire de nos villages des lieux sécuritaires pour les cyclistes, mais aussi pour les piétons, ce projet sera le stimulateur pour commencer à penser notre «vivre ensemble» autrement.

Au même titre qu’on a besoin de stationnements pour nos autos, il serait inconcevable dans le futur d’avoir des cœurs villageois traversés par un itinéraire cyclable sans qu’il n’y ait de stationnements pour vélo.

D’ailleurs au passage, a-t-on pensé au moment de réaménager la place de l’église de Saint-Sauveur, de prévoir des installations de vélo? Une station de gonflage de pneus et des supports à vélo? Parce que je me dis que depuis 17 ans qu’on parle de l’interconnexion, je ne peux pas croire qu’il n’y a pas quelqu’un qui n’a pas allumé dans son bureau d’études pour prévoir de telles installations.

Pensez-y deux minutes… ce n’est pas normal que nous habitions en campagne et que notre premier réflexe en croisant une famille en vélo et même à pied sur le bord de la route, est de se demander ce qu’ils fichent-là?

Espérons que ce projet là -Vélocité-, finira par faire changer les mentalités à l’effet que les piétons et les cyclistes sont des usagers de l’espace public au même titre que les automobilistes. Espérons que «l’interconnexion» se fasse dans nos cerveaux, quoi!

Moi j’espère que ce projet s’adressera à monsieur/madame tout le monde, aux familles, à ceux qui n’osaient pas venir manger une crème glacée au village en vélo par peur de se faire tuer sur la route, et non à une certaine élite qui est habituée à se taper des cotes et à rouler dans le trafic. Parce que sans vouloir être sarcastique, c’est ce qui transpire du projet malheureusement.

J’espère que notre MRC ira au-delà d’un vieux rêve qui est presque dépassé. Car on n’est plus rendu là. On est rendu à devenir une capitale régionale du vélo de route et de montagne. On est une destination de vélo, mais c’est comme si on ne le réalisait pas tout à fait et comme si on ne l’assumait pas totalement.

J’espère que notre MRC sera en tête de peloton et ne deviendra pas une lanterne rouge (le dernier du tour de France) pour rester dans la cadence.

Comme disent nos voisins du sud, «build it and they will come» (construisez-le [le chemin] et ils viendront).

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