Ça «schlingue»
Par Josée Pilotte
Nos Laurentides ont explosé depuis 30 ans, avec tout cela que cela comporte de béton, d’asphalte, d’infrastructures, de réseaux routiers, de viaducs, de service d’ingénierie, de bâtiments publics etc… Imaginez tout le fric que ça suppose, tous les appels d’offres, tous les contrats à octroyer. Sommes-nous si différents de la métropole?
Ça schlingue, comme dirait mon fils.
Effectivement: ça pue, ça sent mauvais par les temps qui courent et j’ai la nette impression que la vague-Charbonneau atteindra notre rivage laurentien sous peu. Que va-t-elle trouver? Et va-t-elle seulement trouver?
J’aimerais croire que la corruption dans le monde municipal, c’est comme les vols de sacoches et les gangs de rues: une histoire de grande ville. Mais je n’ai pas la naïveté de «Josée aux Pays-des-Merveilles». Déjà qu’au sud, on se pose des questions, on perquisitionne, on fouille… nos Laurentides seront-elle à l’abris?
Avant, quand t’étais un bandit et que c’était trop chaud à Montréal, tu te réfugiais dans le Nord. La Sainte Paix, des polices municipales pas trop sur le radar, des grands-espaces-pas-de-voisins pis des voisins pas trop questionneux parce que eux aussi veulent avoir la paix. Mais les temps changent, la vague est trop forte; portée par les journalistes d’enquête mais surtout par un écoeurement collectif, c’est un vrai tsunami.
Est-ce que ce raz-de-marée, au final, ne sera qu’un refoulement d’égout ou bien un grand nettoyage en règle? Le dernier du genre remonte à plusieurs décennies avec la CECO, est-ce dire que notre grand ménage était dû?!
Nos Laurentides ont explosé depuis 30 ans, avec tout ce que cela comporte de béton, d’asphalte, d’infrastructures, de réseaux routiers, de viaducs, de service d’ingénierie, de bâtiments publics etc… Imaginez tout le fric que ça suppose, tous les appels d’offres, tous les contrats à octroyer. Sommes-nous si différents de la métropole? Non, je ne crois pas. Et l’humain est ce qu’il est, même dans le Nord: il est gourmand.
Est-ce que tout le monde dort bien en ce moment?
God knows et le diable s’en doute. J’imagine seulement que toute cette Commission en fait réfléchir plus d’un. En fin de compte peu importe la finale, peu importe que la vague atteigne nos rivages, on s’entend-tu pour dire que nos élus et nos fonctionnaires vont marcher les fesses serrées pour un petit bout de temps?!
Je suis peut-être naïve, mais je crois que la proximité qu’ont nos élus avec leurs citoyens rend sans doute la chose plus gênante de jouer avec le bien public.
Et la perception de la corruption change, il faut bien se l’avouer: il y a trente ans, le vin rentrait à la caisse dans les hôtels-de-ville dans le temps des Fêtes, personne n’y voyait de mal. Aujourd’hui on se garde une petite gêne. Les temps changent, la gratitude s’exprime juste différemment.
Plus ça change, plus ça schlingue un peu plus…