Cheers!
Par Josée Pilotte
Le titre est révélateur: Les 28 jours les plus longs de ma vie de la Maison Jean-Lapointe. Ouf, ça donne le goût d’essayer, vous ne trouvez-pas?!
Êtes-vous l’un des braves à relever le défi au mois de février? Personnellement j’ai fait ce défi au mois de janvier, c’est donc chose du passé. Je vous rassure on survit, même que je vous dirais que ça m’a fait réaliser combien l’alcool prenait de la place dans ma vie. Je ne vous parle pas ici d’alcoolisme mais d’un rapport qu’on entretient avec l’alcool; un rapport questionnable.
Les pubs d’Éduc’alcool nous le confirment: deux verres de vin par jour pour les femmes et trois pour les hommes, mais pas tous les jours. Je ne sais pas si ces pubs sont destinées à nous aider à moins consommer d’alcool ou plutôt à nous déculpabiliser en nous laissant croire qu’il est «socialement acceptable» de boire un petit coup presque chaque jour, allez savoir. Mais les nouvelles statistiques de l’Institut national de santé publique du Québec, elles, nous révèlent que le nombre de buveurs excessifs âgés de 12 à 35 ans a augmenté de 10% en 12 ans. Et si je me fie juste à moi et mon entourage, je dirais que c’est assez vrai. Plus les années passent, plus j’apprécie mon petit verre de vin. Comme dirait «Curieux Bégin»: Un «petit verre de vino avec ça»?! Avouez que c’est agréable et surtout que ça remonte le moral après une journée de merde!
Alors comme j’aime me mettre en danger dans la vie (j’exagère un peu, là), je me suis mis comme défi de ne pas consommer d’alcool pendant tout le mois de janvier et je dirais même que j’ai poussé le bouchon un peu plus loin en ajoutant des restrictions alimentaires. Alors pourquoi janvier?
Eh bien, vu que le temps des fêtes est plutôt propice aux abus de toutes sortes, «le parce que» me paraissait comme une évidence.
Bon, pas de panique comme je disais on survit, même que je dois dire que ça fait du bien au body et à l’âme. Cliché? Peut-être. Mais c’est vrai pareil. Outre le fait d’avoir trouvé les soupers parfois ennuyeux après quelques heures assise autour d’une table entre amis bien enivrés par l’alcool et d’avoir le ventre gonflé d’eau gazeuse, tout s’est relativement bien passé – surtout pour mon chum qui regardait d’un mauvais œil son mois à venir.
Mais comme dirait l’autre: un jour à la fois!
Tout ça pour dire que ce banal défi nous a amené à pousser la réflexion de notre rapport à la bouffe dans un contexte beaucoup plus large: les messages contradictoires qu’on nous envoie à la gueule insidieusement, quand il est question de se mettre quelque chose dans la bouche. Notre obsession à la performance.
Notre «petit verre de vino» qui a pris beaucoup de place dans nos vies, «socialement parlant», sans qu’on s’en rende vraiment compte.
Notre rapport à la nourriture est complètement bouleversé et nous sommes en droit de se questionner, ne serait-ce que pour essayer d’y voir plus clair. Pensez-y, on est passé de la famine d’autrefois à l’opulence d’aujourd’hui avec nos ananas costa ricains et nos fraises californiennes en plein hiver en se faisant accroire qu’il n’y aurait pas d’impact sur notre santé. On n’ose plus toucher à la viande pleine d’hormones, au poisson plein de mercure, au lait et son lactose, au pain et son gluten, aux céréales et leur OGM… Ouf! Apportez-moi un verre de vin que je digère tout ça!
Bref, un défi de plus au programme, qui a semé d’autant l’incrédulité de mes amis, qu’ils me voient déjà comme une fille qui boit son jus vert à l’année. J’ai dû, je l’admets, me justifier trop souvent des raisons qui m’ont poussé à relever ce défi. Certains ne voient pas l’utilité à se torturer ainsi d’autant plus que l’on associe l’alcool comme étant une récompense, un exutoire à nos semaines déjà trop bien remplies.
Résultat de ce Défi 28 jours sans alcool: ton sommeil est meilleur, t’as les idées claires, tu ne te lèves plus avec la gueule de bois, tu te vois enfin les pieds parce que ton ventre a dégonflé, tu pètes le feu, tu n’as plus honte d’aller porter ton bac à recyclage au chemin. Bref: tu te sens bien dans ta peau et ça énerve tout le monde!
Et le 29e jour arrive, enfin.
Et là, ton Chéri dans un élan de générosité débouche un bon p’tit rouge histoire de fêter tout ça.
«On a réussi ma Chérie, vient donc t’écraser avec moi devant les Recettes pompettes d’Éric Salvail… Tu vas voir comme c’est drôle du monde saoul à tivi!»
(…) Mais non, je blague, j’ai bu un verre de lait!
(…) Hum, c’est vrai du lait on peut plus en boire, paraît que c’est mauvais pour la santé!
Bon, allez, ne prenons pas de chance.
Cheers!