“Crisse” de bicyk!

Par Josée Pilotte

«Un des grands dangers qui peut nous causer du trouble à nous le monde de la moto et même aux autres mondes, ce sont les ploucs de tarlas qui font du bicyk à pédales. Pourquoi ce monde-là a le droit d’exister, fouille-moi. Il n’ont pas assez d’argent pour se payer un char, pas assez de coordination pour chauffer une moto pis leur égo est trop gros pour passer par la porte du métro ou d’autobus. Ce sont les nouveaux téteux de notre société.» Par Josée Pilotte

Texte tiré du célèbre magazine Moto Journal («Le numéro 1 au Québec», c’est ce qu’il clame modestement).

Il faut savoir que ladite publication sévit pour une 40e année et que cet anniversaire se célèbre en leur page chaque mois de 2013 avec des textes et photos repiqués des anciennes éditions. Et v’là-ti pas qu’à la dernière page de l’édition de février dernier, ils republient un texte de 1990 sur le vélo, un texte d’un anachronisme ahurissant!

Mais. Malgré les années qui ont passé, nous sommes encore malheureusement trop souvent pris avec ce genre de pensée archaïque. Une pensée qui tue. Il n’y a qu’au Québec qu’on voit ce comportement agressif envers les cyclistes; partout ailleurs sur la planète le partage de la route se fait de façon civilisée et responsable: «S’il y en a encore du monde qui pense que les tarlas de cyclistes devraient avoir le droit d’exister, faut se demander si Dieu avait voulu qu’on pédale, pourquoi il aurait donné à certains hommes l’intelligence suffisante pour inventer un quatre cylindres en ligne avec double over head cam et cinq valves par piston».

Éloquent n’est-ce pas? Mais avouez que ça ne vous surprend pas. Peut-être même que vous n’en pensez pas moins. J’ai justement été témoin d’une engueulade corsée entre un automobiliste et un groupe de cyclistes ce week-end, ça faisait peur à entendre. Pourtant nous sommes en 2013 et non à l’âge de pierre!

Depuis quelques années une nouvelle espèce de cyclistes, de plus en plus nombreux, émerge sur nos routes. Des sportifs. Parfois du dimanche mais des sportifs quand même. Des gens ordinaires sans histoire qui ont une job, des enfants, un chum, une blonde et qui investissent le peu de temps qu’ils ont entre le métro-boulot-dodo à se faire du bien. Ils pédalent. Ils sillonnent nos routes (aux allures de Beyrouth, on s’entend!) et nos paysages laurentiens avec un sentiment de liberté. Ils moulinent pour mieux respirer, mieux respirer leur vie.

Alors quand je vois les cyclistes – dont je suis – se faire insulter en pleine rue, risquer leur vie parce qu’il y a encore quelques «tarlas» et quelques «ploucs» en char qui croient que l’asphalte leur appartient, je me demande sérieusement combien de morts de plus il nous faudra avant qu’on réagisse.

Et qu’on se comprenne bien: je ne suis pas en train de dire que c’est toujours la faute de l’automobiliste, je ne suis pas naïve quand même, je sais pertinemment que les cyclistes sont parfois téméraires, qu’ils en mènent large, qu’ils ne respectent pas toujours le code de la route… mais de grâce, soyons tolérants! Soyons prudents! C’est quoi, attendre quelques secondes avant de laisser passer ou de dépasser en laissant une marge de sécurité?! Qu’est-ce qui presse tant au point de prendre des risques et de mettre en danger la vie d’autrui? Qu’est-ce qui vous met tant en crisse pour vous comporter ainsi?

Allez!, je vous laisse sur ces quelques mots tirés du texte préhistorique de 1990:

«(…) ça fait que le samedi matin quand les deux tarlas de cyclistes vont acheter leurs fèves de soya et leur yogourt nature, ils roulent dans le milieu du chemin à côté de leur maudite piste cyclable. Quand tu essaies de les écraser pour leur faire comprendre, ils se plaignent que le gouvernement devrait passer la balayeuse».

Priez pour nous.

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