Josée Pilotte

Croire en ses rêves

Par Josée Pilotte

Quelqu’un un jour m’a dit : « Tu vas voir ma petite fille, à qui la poche la plus grosse (ou profonde, je sais plus) l’emportera! ».
Ces quelques mots lancés avec hargne et mépris ont eu le même effet sur moi qu’un missile en plein cœur. Je me souviens de la peur qui s’était emparée de moi. Celle-là même qui te donne un grand frisson glacé dans le dos.
J’ai toujours porté ces paroles, les enfouissant même quelque part au fin fond de ma mémoire. Je me souviens à l’époque de m’être dit : « Et si c’était vrai? ». Et si, oui, l’argent, le maudit argent, avait raison de tout?
Quand tu es dans la vingtaine, sans expérience, tout juste habillée de ton arrogance et ton front de bœuf, ça te gèle le sang, les jambes te tremblent un peu et tu t’en souviens longtemps. Trop longtemps.
Ça fait 18 ans. Avril 1998 plus précisément. Le jour où le journal Accès a vu le jour.
Je ne sais pas pourquoi, mais ces quelques paroles resurgissent aujourd’hui dans un moment aussi heureux et accompli de ma vie.
Car entre vous et moi, j’ai bien compris avec les années qu’il n’y avait pas juste une question de fric dans l’équation.
Selon moi, pour atteindre ses rêves, ça prend une sacrée bonne dose de passion, de persévérance, de drive et de talent, d’amour propre déjà, puis d’amour en général, de naïveté d’y croire surtout. Et tout ça, eh bien, personne ne peut te le donner, encore moins te l’enlever. Un cocktail bien simple qui, parfois, souvent même, fait de vrais miracles.
Alors, fouillez-moi pourquoi je repense à ça aujourd’hui, surtout après 18 ans?
Certainement pour me faire prendre conscience du chemin parcouru. Chose certaine, je me sens comme une coureuse de fond qui court depuis 18 ans, qui est sous le fil d’arrivée et qui a du mal à croire à tout ce qui lui arrive.
Elle a les jambes molles, le cœur qui débat, elle voit le podium, mais n’ose pas monter sur la première marche.
Syndrome de l’imposteur? Je l’ai eu, mais je suis en voie de guérison. Peut-être que les mots dénigrants que l’on m’a balancés à la gueule m’ont fait douter. Mais à bien y repenser, ces mots ont certainement été aussi une source de motivation pour moi. Sans le savoir, cet homme, en voulant m’écraser, a déclenché en moi la partie forte, la battante.
Mais je ne passerais pas ma vie et mon énergie à savoir le pourquoi du comment.
Ce n’est pas important au fond.
Le sourire que j’ai dans la face aujourd’hui, c’est simplement pour dire à la fille de 20 ans au front de bœuf que j’étais, que personne ne peut t’enlever le droit d’y croire.
Le sourire que j’ai dans la face, c’est ensuite pour dire merci à tous les artisans sans exception qui sont passés chez
Accès au fil des ans et qui ont fait la différence avec nous.
C’est pour toi, cher lecteur, qui nous a suivis semaine après semaine depuis 18 ans.
Et pour vous, Antoine et mon p’tit Lou, fils adorés, je veux simplement vous dire au travers de mon expérience qu’il est important de croire en ses rêves et de suivre ses passions. Qu’il est essentiel de rester ancré dans ses bottines pour traverser les doutes et les questionnements.
Comme vous le savez tous, l’industrie des médias change à une vitesse grand V. Notre précarité n’est plus un secret pour personne. C’est donc avec soulagement et fierté qu’une entente entre TC Media et le journal Accès s’est conclue après plusieurs mois de négociation.
Et qu’une chose soit claire tout de suite : ni Accès ni le Journal Les Pays-d’en-Haut – La Vallée ne méritent de disparaître. La perte d’un journal, c’est en quelque sorte la perte de la mémoire d’un lieu, d’une communauté, de sa voix et son âme.
En même temps, force est de constater que la survie, la viabilité des deux journaux, était sérieusement mise en péril, et la fusion devenait la seule option pour pérenniser notre presse locale.
C’est ainsi qu’est créé un nouveau journal avec l’ADN des deux journaux précédents, j’ai nommé : Accès Le Journal des Pays-d’en-Haut.
Et je suis d’autant plus fière de vous annoncer qu’en tant que propriétaire unique, ce nouveau journal demeurera entièrement indépendant. Une indépendance qui fait notre fierté. Une indépendance qui, je ne vous le cache pas, a été dure par bout à défendre. Une indépendance et une mission qui ont été portées à bout de bras par ma gang, ma tribu qui y a cru autant que moi!
Alors, je souhaite à ce nouveau journal tout l’oxygène pour faire rayonner notre beau pays, les Pays-d’en-Haut.
Longue vie à Accès Le Journal des Pays-d’en-Haut!

3 commentaires

  1. Et bien Bravo, Bravo à cette jeune femme qui a eu une vision à perte de vue!
    Beaucoup d’admiration pour toi Josée et ton équipe. Quelle belle inspiration pour les jeunes qui pourront un jour te lire!!!

  2. Bravo Josée, félicitations à toutes l’équipe de L’Accès.
    tout un changement, qui l’aurait cru,, il y a 10 ans ou 3 journaux se battait chaque semaine.

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