Femmes, je vous salue !

Par Josée Pilotte

Cette semaine, je veux rendre hommage aux femmes. À toutes celles que je côtoie dans ma vie de tous les jours, pour commencer. Mais je veux surtout saluer le courage de celles qui ont récemment osé sortir de l’ombre en dénonçant leur agresseur.

Difficile d’être une femme et de ne pas se sentir concernée, voire outrée, par le verdict d’acquittement de Gilbert Rozon. Encore plus difficile de mettre des mots sur les maux résultant de ce jugement. Je comprends donc la douleur de toutes les femmes qui sont dégoutées, déçues, voire découragées par un tel verdict.

Même si la juge n’a pas cru la version des faits donnée par Rozon, celui-ci retrouve quand même sa liberté, comme si de rien n’était… Pour Annick Charrette, restent gravées dans sa mémoire et dans son corps, l’agression, la souffrance. Une histoire de domination et de pouvoir. L’histoire d’une jeune femme qui dit « non » à deux reprises et d’un homme qui s’est jeté sur elle, malgré cela. Une histoire de viol.

Je n’ai jamais été violée. Mais j’étais de celles – ou d’une époque devrais-je dire – qui ont souvent baissé les yeux devant le comportement répréhensible de certains hommes que j’ai croisés sur ma route. Des « vieux cochons » aux mains baladeuses, j’en ai vus et côtoyés souvent. Se faire déshabiller du regard, siffler dans la rue ou être l’objet d’un commentaire à connotation sexuelle était considéré comme « normal ».

Lorsque j’étais une jeune fille, la coutume de l’époque exigeait qu’on embrasse la visite : le mononcle à grosse barbe, la matante qui puait le parfum cheap, le voisin qui sentait le fond de tonne et ce, même si ta petite voix te disait : « Ça ne me tente pas, j’ai n’ai pas le goût ». Tu y allais pareil et tu fermais ta boîte…

C’est fou, mais on ne réalisait pas que ces comportements inappropriés étaient une forme de harcèlement. On préférait plutôt se taire en pensant que c’était normal de se faire tripoter au passage.

Il y a toutefois une lueur d’espoir dans toute cette horreur, si je peux m’exprimer ainsi. Aujourd’hui, les jeunes filles sont plus informées, elles ont davantage confiance en elle. Et elles ont eu des mères, comme nous, qui leur ont dit de ne pas accepter de tels abus de la part des hommes. On n’a qu’à penser aux mouvements comme #moiaussi (#metoo) pour comprendre tout le pouvoir que les femmes sont en train de se réapproprier en dénonçant publiquement leurs agresseurs.

Certes, il fut un temps où le mot « consentement » ne faisait pas partie des moeurs. Pour certains hommes, les femmes étaient tous des « agaces ». La plupart d’entre eux avaient quand même appris à nous respecter. Aujourd’hui, en 2020, les hommes n’ont qu’à bien se tenir !

On pourrait se demander si tout ce salissage, si toutes ces dénonciations publiques sont de trop ? Peut-être. Chose certaine, il faut parfois connaître les extrêmes pour trouver l’équilibre.

Souhaitons maintenant que les 190 recommandations du comité d’accompagnement des victimes trouvent écho dans notre système de justice. https://csf.gouv.qc.ca/article/2020/12/16/accompagnement-des-victimes-de-violences-sexuelles-et-conjugales/

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