Las tres amigas

Par Josée Pilotte

La misère se prend mieux au soleil, disent-ils. À voir tous les sourires que nous avons dans la face depuis que le printemps a daigné se montrer le bout du nez,  y’a pas de doute, on est heureux comme des enfants devant un cornet de crème glacée au chocolat, deux boules, et tout plein de garniture sur le top. On revit littéralement.

Je me sens comme si j’avais retenu mon souffle plus de 1 minute comme ce jeu tant fait dans la piscine de mon enfance. 45, 46, 47, 48… Et paf, tu sors, tu respires à plein poumons. Le printemps après un rude hiver froid, c’est comme un peu renaître de ses cendres.

J’avoue avoir triché une petite semaine quelque part du côté du Pacifique mexicain. Un petit bled perdu aux multiples couleurs du bonheur. Sayulita. Le vent, la mer, le bleu du ciel, les étoiles, le sable à perte de vue. Un vide plein quoi. Aussi, des rires, des parenthèses, des silences et des amies. Ah, les amies: le bonheur!

Jouer dans l’eau comme une enfant. J’ai bien fait rire ma copine Nancy en essayant le surf. Mon corps en porte encore les marques d’ailleurs.

Aussi ce livre On ne voyait que le bonheur de Grégoire Delacourt lu sous le parasol pendant quelques jours. Je me suis laissée surprendre par ce roman. Les vacances sont faites pour ça après tout. Rien qui nous prend trop la tête. Se laisser surprendre par la beauté des mots, laisser passer l’émotion, essuyer quelques larmes, tout ça sans trop se poser de questions. Ça fait du bien.

Tout ça pour dire que le soleil fait du bien à l’âme. Et les fish taco et les margaritas, eux, pour le bonheur de la panse.

Sayulita est encore ce petit village typiquement mexicain avec ses chemins de terre et ses chiens errants. Rien de clinquant et d’envahissant; que la jungle, la mer, le surf et quelques gypsies surfeurs marchant pieds nu dans un semblant de liberté.

Mais dans tout ce bonheur d’être sous le soleil, nous avons été surprises d’apprendre que les Mexicains fêtent en grand Pâques. Et qu’ils sont nombreux. Très nombreux. Ayant bien pris la précaution de nous éloigner des grands centres et des tout inclus avec les «tabarnacos» qui titubent dès 11 heures du matin, verre à la main jusqu’à leur chaise longue, huilés de la tête aux pieds de Coppertone senteur coconut. Nous n’avions pas prévu le tsunami humain qui viendrait fêter la résurrection du petit Jésus dans la jungle mexicaine.

Tambour, trompette, fanfare, et le boum-boum incessant d’une rave qui a duré pendant trois jours, trois nuits, sans arrêt, dans la jungle d’à côté. Tellement qu’on a dû, mes copines et moi, mettre des bouchons, fermer toutes les portes et fenêtres et brancher les ventilateurs au max, pour essayer de dormir.

Et du monde, du monde, en veux-tu en v’là! Ô secours! Je me suis presque ennuyée pour un instant de la quiétude de ma forêt de Morin-Heights.

La situation en a été tellement ridicule, la réalité dépassant de loin la fiction, qu’on a été prises de fous rires entre amies, ce qui nous a fait oublier que le pire existe.

Qu’est-ce qu’on ferait pas pour s’extirper de cet hiver qui n’en finit plus? Accepter que la fin de tes vacances se termine dans une fanfare assourdissante de mariachis gonflés à bloc, et enivrés de tequila. À coté de ça, le bruit des casseroles durant les manifs du printemps érable, c’est de la petite bière…

Viva Mexicoooo!!!

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