L’heure des comptes

Par Josée Pilotte

Il était une fois un Petit Chaperon rouge, libre et indépendant, que son audace, sa débrouillardise et son idéalisme avaient mené dans la Vallée de Saint-Sauveur. Il avait grandi sur le chemin des mots et des idées, croisant bien des amis et heurtant quelques ennemis, sans se douter qu’au cours de sa 13e année l’attendait, au détour d’une forêt laurentienne, de grands méchants loups aux dents longues et aux sourires carnassiers: pour les loups, ce n’était plus l’heure des contes… mais l’heure des comptes.

Remarquez que le sort du Petit Chaperon rouge n’était pas unique; il ne pleurait donc pas dessus, se rappelant que les grands méchants loups étaient partout cette année… Bizarrement et aussi «loup’fuck» que cela puisse paraître tout ce bazar a été révélé par une multitude de petits (et de grands) Chaperons rouges de la province: scandales de la construction, enveloppes brunes et blanches, commission Bastarache, Accurso et son bateau, soubresauts de Gomery, financement occulte des partis politiques. Et les 40 couleuvres de l’échangeur Turcot. 

Bref, la caverne d’Ali-Baba des Québécois était pillée par les 4 000 voleurs, et c’est la vigilance et la diversité de la presse qui avaient mis en lumière ce vol de notre richesse collective et de notre intégrité.

Depuis des années, le Petit Chaperon rouge faisait aussi sa part dans ce combat pour préserver la richesse et l’intégrité laurentiennes. Un d-g corrumpu, un km 28,5 destructeur, des Laurentides de rêves inspirantes, une interconnection paresseuse, des mobilisations citoyennes, un parc des Falaises à protéger, une croix adéloise à illuminer, des politiques à dénoncer, des budgets à analyser, une qualité d’eau à protéger, une nature à préserver, des micro-ondes alarmants… Des combats oui!, mais aussi de multitudes de petits bonheurs, purs: des lieux à découvrir, des artistes à mettre en lumière, des gastronomies à révéler, des sportifs à encenser, des citoyens à recevoir. Des sourires et des éclats de rires!

Comment poursuivre ce travail avec la même passion et dignité quand deux requins (Quebecor et Transcontinental) décident de se faire la guerre férocement… et pas une guerre d’idées mes z’amis, mais bien une guerre de pouvoir, d’ego et de piastres? Beaucoup, beaucoup de piastres.

Le Loup, voyant entrer le Petit Chaperon rouge, lui dit en se cachant dans le lit des Laurentides, sous la couverture laide des mauvais hebdos et portant les vêtements de Mère-grand:

«Viens te coucher avec moi, Petit Chaperon.

– Hein?!»

Le Petit Chaperon rouge fut bien étonné de voir sa mère-grand ainsi attriquée et lui dit:

«Mais mère-grand, que vous avez de grands bras! 

− C’est pour mieux t’embrasser, mon enfant! 

− Mais mère-grand, que vous avez de grands yeux! 

− C’est pour mieux te voir, mon enfant! 

− Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents! 

− C’est pour mieux te manger!»

Morale de l’histoire?

Ne jamais coucher avec l’ennemi… et ne pas soulever les couvertures laides des mauvais hebdos.

Allez, bonne lecture…

Joyeux Noël!

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