Lieu commun et politique
Par Josée Pilotte
Pas sexy comme titre, j’en conviens. Pardonnez-moi. Mais comme je le mentionnais dans mon dernier Espace griffé, la politique est tout sauf sexy de nos jours.
Car on est loin, vous en conviendrez avec moi, des grands hommes politiques, tels que Jean Lesage, René Levesque, Robert Bourassa, qui proposaient de vrais projets de société aux Québécois, qui «incarnaient» réellement ces projets, qui se faisaient porteurs des aspirations des citoyens qu’ils représentaient, qu’ils «servaient».
Aujourd’hui, le cynisme ambiant nous ronge tous par en-dedans. On ne croit plus en rien, ni en personne. On vit notre petite vie et, le reste, ben on s’en balance royalement.
Parlant de projet de société, je vous entends dire: «Oui… et qu’est-ce que tu fais, Jopi, de la fameuse Charte et de la récente sortie explosive des «Janette» qui fait couler beaucoup d’encre et de haine ces jours-ci?!»
Ce que je fais? Et bien, je me dis que les Québécois se mobilisent, se positionnent, débattent… Ne devrions-nous pas en être fiers, un peu de la même manière que nous devions l’être lorsque les Carrés rouges se sont opposé à la hausse des frais de scolarité, haussant par le fait même la réflexion collective (et ce, malgré les dérapages inévitables, comme dans le cas des Janette justement)?
À vrai dire, je me suis posée la question longuement: cela vaut-il la peine que j’en rajoute une couche sur ce tas d’opinions qui fait qu’on s’éloigne de l’essence même du sujet, à savoir encadrer «le vivre ensemble» dans le Québec du XXIe siècle? La réponse: non. Est-ce vraiment nécessaire? Non.
Trop d’opinions, c’est comme pas assez (je sais, c’est moi qui dit ça). Mais le Québec tout entier en ce moment est en train de réagir aux opinions de toutes sortes, de tout un chacun. Je crois que le terrain est très, très glissant, notamment en ce que le débat sur les valeurs dévie, passant «du vivre ensemble» au débat sur le voile islamique uniquement.
Bref: tout ça pour vous dire que j’aime mieux pour le moment vous parler de la politique municipale qui, elle, est aussi une fenêtre pour réfléchir sur notre environnement géographique et social, individuel et collectif.
Dans mon dernier Espace j’ai poussé un peu fort en disant que les propositions électorales des candidats aux prochaines élections municipales n’étaient pas sexy et révolutionnaires. Mea Culpa, Messieurs et Mesdames.
J’applaudis votre courage, en fait, et je ne le dirais jamais assez. Oui, j’applaudis votre optimisme, l’allant qu’il vous faut pour vouloir «faire la différence», et ce malgré ce grand bordel politique et tous ces scandales qui semblent s’acharner sur nous.
Mais. Il n’en demeure pas moins qu’à peine à quelques jours des élections, force est de constater qu’il n’y a toujours pas de grands débats ni de grands projets collectifs sur la table. Peu de candidats ont mis au centre de leur (plate)forme (!) des projets structurants et collectifs. Peut-être n’est-il pas sexy de parler de «vision globale» et de «projets communs». Les élus municipaux m’apparaissent plus préoccupés de maintenir le compte de taxes à un niveau bas que de se positionner publiquement sur des grands enjeux qui ne concernent pas juste la cour arrière de leur village (ou de leurs contribuables), mais bien la région…
Prenez le projet de centre commercial à Piedmont: peut-on s’entendre pour dire que la réalisation de ce projet n’aura pas qu’un impact local? Et pourtant personne n’a pris position dans ce dossier.
Un autre: le projet du Centre multisports. Encore là, peu se sont positionnés sur ce dossier, porté par le préfet depuis plusieurs années.
Un autre encore? Le Parc linéaire, une infrastructure régionale. Quelqu’un a t-il pris position fermement sur une mise en réseau de nos infrastructures de plein air, telles que les sentiers de randonnée, de ski de fond, de raquette et de vélo de montagne?
Un autre, un autre, un autre?…
À date ce qu’on entend se résume à ceci: comptes de taxes, services et qualité de vie.
Mais encore?…
Est-on venu dans les Laurentides pour avoir le compte de taxes le plus bas de la province? Est-on venu dans les Laurentides pour avoir uniquement toujours plus ou de meilleurs services? Est-on venu dans les Laurentides pour un méga centre d’achats?
Ou bien est-on venu plutôt pour la qualité de vie laurentienne?…
Si tel est le cas, encore faudrait-il la définir «collectivement», cette fameuse «qualité de vie».
Bonne élection!