MANGEZ DON’ TOUTES D’L’AMOUR!
Par Josée Pilotte
Inné ou acquis? Génétique ou culturel? La bitcherie est un nom féminin, une tare que les femmes semblent toutes porter, du chignon (crêpé), jusqu’au bout des ongles (coupants). Un poison pour nos collègues de travail, nos voisines, nos amies.
Vous savez, cela fait 4 ans que je tiens cette chronique, et j’en ai appris un bout sur la bitcherie entre femmes depuis que j’ai pris la plume…
«Je lis votre journal depuis plusieurs années, d’ailleurs, je le trouve en général très réussi et différent!
Je suis toutefois un brin ennuyée par le côté narcissique de certains de vos éditoriaux. Vous semblez souvent en mal de valorisation. Vous n’êtes pas la seule femme de notre génération à pratiquer des sports extrêmes tout en connaissant un succès personnel et professionnel! J’ai une ceinture noire 2e dan en karaté, je fais du BMX, je suis couvreuse mais je ne sens pas le besoin de le crier sur tous les toits! Je le fais pour moi»…
Si vous saviez combien j’en ai reçu, de ce type de claques dans la face! Elles viennent d’ailleurs toujours d’une main féminine… S’il avait fallu que je me remette en question chaque fois, je ne saurais même plus comment je m’appelle…
Je ne sais pas trop pourquoi je vous partage ça. Je sais bien qu’au fond vous n’en avez rien à foutre de savoir que madame-chose-de-Sainte-Adèle me trouve narcissique ou pas. Je sais ça. Non, je vous le partage parce qu’au fond je trouve qu’elle a raison sur un point la madame-chose… Nous vivons vraiment dans un monde en manque de valorisation… À un point tel qu’elle-même met en scène son propre ego sur la trame de ses réalisations qu’elle énumère sans vergogne, dans ce mot où elle me reproche de faire la même chose!
La mesquinerie, le je-m’en-foutisme ambiant qui semble nous atteindre tous à différents degrés est le simple reflet de la société débridée dans laquelle nous vivons. Un monde plus souvent préoccupé à paraître, qu’à simplement être.
Un monde plus souvent préoccupé à juger qu’à s’amuser.
Je fais partie de ces gens-là qui, très jeunes, ont appris que la tape dans le dos, il valait mieux se la donner seul… parce que si l’on attend qu’on nous la donne… Mais. Est-ce qu’il m’arrive à moi z’aussi de bitcher?! Ben oui!
Mais. Si partager nos petits bonheurs, nos réussites, nos passions font de nous des êtres narcissiques et bien qu’à cela ne tienne, je lui accorde à la madame-chose-de-Sainte-Adèle. Je suis une narcissique finie!
My God!, qu’on a de difficulté à s’entraider, à se féliciter, à avoir de l’admiration pour nos semblables, nous les femmes! On aime mieux se scruter à la loupe de la tête aux pieds pour trouver «LE» défaut qui nous permettra de mieux nous sentir NOUS dans notre peau (ouain… finalement l’est pas si belle que ça…!). Alors, pas étonnant que nos petites filles soient en manque de valorisation, leurs actions nous le crient d’ailleurs! Ce n’est peut-être pas un hasard considérant la manière dont on se traite entre nous, nous les femmes…
Narcissique moi?
Peut-être. Qui ne l’est pas un peu au fond, hein?
Cet espace fait réagir, fait réfléchir? Tant mieux. C’est déjà bien ça de pris! Est-ce que je pourrais le faire sans parler de moi? Je ne crois pas.
Sans prétention, j’ose croire que je vous rejoins à travers ma vie… Comme le disait Baudelaire: «Hypocrite lecteur, mon semblable mon frère»…
… Puisque que quand j’écris sur le vélo de montagne, ce n’est que le prétexte, le contexte pour parler du vrai sujet: une relation mère-fils. Quand j’écris sur la quête du bonheur, ce n’est que le prétexte pour faire le constat des difficultés rencontrées par plusieurs femmes de ma génération dans cette quête.
Vous, madame-chose-de-Sainte-Adèle, quand vous me parlez de vous sur deux paragraphes, c’est le prétexte pour quoi? Ah, hypocrite lectrice…