Mon pays c’est l’hiver

Par Josée Pilotte

J’adore l’hiver.

Je sais que ce n’est pas très glamour de dire cela, mais j’ai un petit faible pour cette saison. Je l’aime pour tout ce que cela représente; d’abord pour le ski de fond, surtout pour le ski de fond devrais-je dire. Mais j’aime aussi cette étendue blanche et de silence qui nous enveloppe des mois durant. Je dis souvent à qui déteste l’hiver pour s’en confesser qu’il faut habiter l’hiver, se laisser habiter même pour mieux l’aimer et l’apprécier.

Selon Monsieur Carruthers – notre «déneigeux» que nous appelons aussi affectueusement «Monsieur Snowman» – on en est à 178 cm à Morin Heights, rien de moins. Du jamais vu depuis 1987. C’est que voyez-vous, il n’est pas n’importe qui notre Monsieur Snowman: il est l’almanach des statistiques de la météo de Morin-Heights depuis 35 ans. Il calcule tout, il enregistre tout précieusement.

Donc, selon Monsieur Carruthers, ce qu’il y a d’exceptionnel cette année, c’est non seulement la quantité mais la rapidité avec laquelle toute cette neige nous est tombée dessus en décembre.

La tempête aura causé quelques tribulations dans les chaumières à quelques jours des célébrations des Fêtes, mais, mais… on a eu notre Noël blanc!

Les stations de ski étaient aux anges, nos enfants aussi puisqu’ils ont pu aller se rouler dans la neige un peu plus tôt que prévu suite aux fermetures des écoles.

Oui, on l’a eu notre Noël blanc et pendant que les stations de ski se réjouissaient de tout l’or blanc qui tombait du ciel, nos sentiers de ski de fond eux, ont mangé une claque. Dame Nature a eu beau exaucer les souhaits de certains d’entre nous, jamais nous n’aurions pu imaginer que nos réseaux de ski de fond deviendraient presque impraticables sous tant de neige. Une véritable catastrophe. Ma première fin du monde.

C’est difficile de ne pas faire le lien entre les changements climatiques et les arbres qui tombent dans les sentiers de raquettes et de ski de fond. On a beau vouloir ne pas trop s’en préoccuper, la nature se déchaîne de plus en plus et pas seulement à Morin-Heights, mais partout sur la planète.

Même si nous ne voulons pas chiffrer les impacts des changements climatiques, ils ont un impact direct sur l’économie locale qui est déjà si fragilisée.

Nous sommes malheureusement à la merci de Dame Nature et de Miss Météo à la «tivi» qui a souvent le facteur éolien collé au plafond.

Résultat de tout ça: Roger qui est bien assis dans son salon du «Plateau Mont-Royal» se décourage de venir jouer dehors avec nous.

C’est fou comme c’est fragile, han? La Terre nous parle; on peut encore se compter chanceux, elle tourne encore. Ils disent quoi déjà?

Ah oui!, qu’un battement d’aile de papillon peut foutre le bordel et créer un tsunami? Et bien laissez-moi vous dire qu’un tsunami blanc a raflé nos sentiers au mois de décembre.

Mais.

Comme on est des vrais, on a sorti nos scies, nos sécateurs, on s’est retrousseé les manches, on a appelé un-pis-l’autre et on s’est donné rendez-vous dans les bois, on a ouvert les pistes comme Jack Rabbit et plusieurs autres l’ont fait dans le passé.

On peut aussi invoquer la théorie du chaos pour expliquer tout ce qui arrive sur la planète. Mais une chance qu’on peut encore se fier sur la bonne vieille solidarité humaine. Ça fait chaud au cœur à voir!

Ainsi, j’ai pu malgré tout faire des sorties extraordinaires, entourée de gens extraordinaires….

Et certains endroits ont été moins affectés que d’autres, comme les Terres de la Couronne sur la 329 vers Saint-Adolphe.

Mais chut!!!

C’est encore un secret bien gardé.

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