Passion ou raison?

Par Josée Pilotte

Non mais, on vas-tu l’avoir mérité notre place au soleil où on ne l’aura pas mérité? Quel printemps de merde, han?! Et quel début de saison de vélo catastrophique avons-nous tous eu?! Ça fait presque peur à voir aller.

C’est fou de le constater, et même gênant de le dire,  mais presque aucun weekend ne nous aura permis de rouler en montagne ces derniers temps. Les pluies abondantes et successives des dernières semaines auront laissé des traces au sol, accumulant une quantité phénoménale d’eau sur nos sentiers et de nombreuses frustrations excessives des cyclistes dont je fais partie.

C’est marrant ce qu’un manque d’endorphine peut avoir comme impact sur notre condition mentale et physique, vous ne trouvez-pas?!  Ce n’est pas des farce, on en était a se demander si on ne partirait pas un groupe de cycliste-anonyme, histoire de ventiler nos frustrations à défaut de pouvoir mouliner notre bonheur.

Certains d’entre nous osent, (je dis «ose» parce qu’il s’agit bien d’oser, n’est-ce pas?) aller rouler dans les sentiers boueux et ce malgré une Miss Météo plutôt convaincante pour nous en dissuader sans parler des alertes noires plutôt insistantes des «trailbuilders» ou si vous préférez mieux les chiens-de-garde de nos sentiers.

Remarquez que ce n’est pas à moi de juger, s’ils ont tort ou raison, moi personnellement je préfère m’abstenir  d’aller rouler et ce même si mon désir d’aller époumoner ma semaine, ma vie, me tiraille! Mon corps tout entier me dit pourtant totalement le contraire, mais je m’abstiens simplement par respect pour l’ensemble de l’œuvre.

Et quand on sait qu’un passage à vélo ou à pied sur un sol mouillé engendre 25 fois plus d’érosion que lorsqu’il est sec, je crois qu’il a matière à réflexion voir même à s’abstenir, un point c’est tout.

Le vélo de montage est de plus en plus populaire, nos élus reconnaissent enfin le potentiel  récrétouristique que constituent nos sentiers, nous sommes en quelque sorte «victime» de notre succès; et comme le dit si bien le proverbe: «Build it and they will come». Faites-le (le sentier) et il viendront (rouler). C’est ce que nous faisons, c’est aussi ce que nous avons tous souhaité,  alors aujourd’hui nous avons la responsabilité – que dis-je – l’obligation de les préserver coûte que coûte, vous ne trouvez pas?

Empreinte écologique

 

Tout ça est très fragile. Le chemin parcouru jusqu’à maintenant est certes spectaculaire, mais il ne faut rien prendre pour acquis. Il y a derrière ces sentiers, des milliers d’heures de travail bénévole fait par des gens passionnés qui ont à cœur le sport, mais aussi l’environnement dans lequel nous avons choisi de vivre et d’élever nos enfants. Ce n’est pas rien dans notre société de «je-me-moi», individualiste, vous en conviendrez avec moi. Ces sentiers sont l’avenir, ils sont une grande partie de notre identité et notre fierté, bref: ces sentiers sont un joyau à entretenir et à préserver et ce bien au-delà de nos petits besoins individuels!

Pensez-y: l’évolution de l’Humanité repose sur le leg des générations qui nous ont précédés, sur les traces qu’ils ont laissé dans l’Histoire. Pour une fois, dans cette Histoire qui est la nôtre, on nous demande de poser le geste le plus significatif que nous pourrions poser pour l’environnement, pour les générations futures – et même si ce geste est contre nature pour les cyclistes – serait celui DE NE PAS LAISSER SA TRACE! 

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