Poule de luxe 

Par Josée Pilotte

Du plus loin que je me rappelle, j’ai toujours eu un gros penchant pour le «granole», de même que pour les chips au ketchup. Comme quoi, y’a rien de parfait sur cette terre.

Mais la saine alimentation a toujours fait partie de mon mode de vie et je ne sais même pas d’où cela vient, n’ayant pas été élevée dans une famille qui broutait de la luzerne en guise de petit déjeuner. Mais bon, est-ce si important au fond?!

Le végétarisme et la bonne alimentation sont des mots à la mode de nos jours et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Qu’elle soit d’ordre écologique, diététique

et/ou éthique, la vérité est de plus en plus évidente: il est difficile aujourd’hui sachant tout ce que l’on sait, de trouver des arguments contre ce «régime de vie», même si celui-ci soulève encore le scepticisme chez les carnivores. Car disons-le, le mythe de la supériorité nutritive de la protéine animale sur la végétale a encore la couenne dure dans l’opinion publique.

Et au-delà de cette effervescence, qui je l’espère ne sera pas passagère, nous devons changer nos priorités et prioriser l’agriculture bio et locale.

C’est un fait, notre santé commence d’abord par nos habitudes de vie et alimentaires. Le choix de ce que l’on met dans notre corps est la clé de notre capital santé, s’entend pour dire la plupart des scientifiques. Alors en sachant cela, je me dis qu’il vaut mieux connaître la provenance de nos aliments en achetant le plus localement possible. C’est le gros bon sens qui parle.

On ne peut pas penser avoir tous les bons nutriments d’une fraise qui a parcouru 5000 kilomètres, non?! Pourtant on en mange et on ne se questionne même pas sur sa valeur nutritive. Au fond, est-ce vraiment une fraise? Parce que entre vous

et moi, quand la nôtre arrive au mois de juin, je peux affirmer sans le moindre doute que son goût est totalement différent: elle goûte la fraise. La vraie.

Et quand j’écoute ce reportage de La semaine verte diffusée la semaine dernière sur la disparition par milliard des abeilles sur la planète, je me dis qu’on n’a plus le choix de se prendre en main. Les abeilles sont semble-il victimes d’un mal étrange qu’on surnomme le syndrome d’effondre- ment des colonies.

En résumé: elles meurent des bouleversements qu’on a engendrés dans l’agriculture moderne, j’entends par là, la monoculture, les pesticides, et toutes les merdes qu’on a engendrées, au nom du capitalisme à tout crin. Et la disparition des abeilles devrait nous inquiéter au plus haut point: elles sont le bio-indicateur d’un profond déséquilibre dans notre relation avec notre environnement. Ça fait des années qu’on est au courant, et on dirait que personne ne réagit. On continue d’acheter des fraises en hiver. Parce qu’on nous le propose, sans se poser la moindre question. Ou parce qu’on le demande, allez savoir. C’est l’histoire de l’œuf et la poule, vous me suivez?

Alors tout ça pour dire que mes poules – que je ne mangerai pas, ne soyez pas inquiet – et mon jardin, c’est peut-être la seule solution viable pour se reconnecter à notre environnement de façon positive et conséquente.

Je suis de la génération qui s’est non seulement faite bourrer de pesticides et d’OGM à profusion, mais de fausses croyances. Je suis tannée de me faire prendre pour une dinde. On a le choix de nos choix. Vivre en dehors de la maudite petite boite qu’on nous propose.

Et nous sommes réellement mûrs pour une prise de conscience collective que notre rapport à la bouffe doit changer. On est passé du chasseur-cueilleur au «tv-diner». On s’entend-tu qu’il s’est passé quelque chose entre les deux?

Et puisque ça nécessite une réflexion, je nous laisse sur une pensée inspirante qui ne serait pas d’Hubert Reeves mais elle est bonne quand même: «L’homme est l’espèce la plus insensée, il vénère un Dieu invisible et massacre une nature visible! Sans savoir que cette nature qu’il massacre est ce Dieu invisible qu’il vénère!» 

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