Quel été

Par Josée Pilotte

Les Mayas avaient un peu raison, il se passe quelque chose de pas catholique par les temps qui courent: Jopi a les orteils en éventail et le Québec se passionne pour la politique.

On se souviendra longtemps de cette chaleur accablante qui semble suspendre le temps. On se souviendra longtemps de la lumière éclatante du soleil qui paraît détacher les choses les unes des autres. On se souviendra longtemps du bon rosé siroté sur la terrasse entre amis à parler de tout et de rien. On se souviendra longtemps du bonheur que procure le soleil qui nous chauffe la couenne. Quel été! Quel bonheur!

J’ai réussi mon pari cet été. Celui de ne rien faire. Celui aussi de l’insouciance. Celui de voir passer les heures, les minutes, les secondes et d’avoir le pouls au ralenti à force de faire des châteaux de sable, du snorkeling et de regarder les nuages défiler au-dessus de ma tête.

Je vous le dis d’emblée, cela n’a pas été de tout repos, je dirais même plutôt le contraire, puisque par moments j’avais l’impression d’exercer une vraie discipline olympique. Mais, l’année de fou que j’avais eue, l’accumulation de tout et de rien et les remarques de Chéri m’intimant d’arrêter la machine un moment auront eu finalement raison de la «superwoman/borderline/hyperactive» que je suis, le temps de quelques battements de cils. J’ai passé à la vitesse précédente. De l’autre côté. De 100 km/h, à marcher; d’enchaînée à mon iPhone, à un sevrage intensif de la techno-prison; de tout à rien.

Rien faire aura donc été le gros highlight de mon été.

Bref, mon été aura été tout le contraire de ce que fut l’année 2012 pour notre société.

Ouf!, quel tourbillon entre la grève étudiante, le mouvement «Occupons Montréal», la commission d’enquête, l’arrivée massive sur la place publique de la génération des noms composés.

<p>(Nadeau-Dubois, Bureau-Blouin, Clermont-Dion)… et finalement l’effervescence ces jours-ci autour de la campagne électorale…

Les Mayas avaient un peu raison, il se passe quelque chose de pas catholique par les temps qui courent: Jopi a les orteils en éventail et le Québec se passionne pour la politique.

C’est vrai, on est en feu pour ces élections-ci. Tout le monde a des opinions fortes et tranchées. Tout le monde dénonce, tout le monde est tanné de quelque chose, tout le monde revendique avec passion. Mais, personne ne semble trouver qui est le meilleur pour incarner tout ça.

Autour de moi, les repères volent en éclats. Les fédéralistes hésitent: CAQ ou PLQ? Le cœur des souverainistes balance: PQ ou QS? Et tout le monde se demande:

«Je vote pour un candidat ou pour un parti?»

«Je vote par conviction ou par stratégie?»

«Vote utile ou vote de cœur?»

En attendant avec un mélange de fébrilité et d’appréhension le résultat des courses, mon nom-composé-à-moi, mon fils aîné Gascon-Pilotte, va voter pour la première fois.

Mais y’a plus important encore, du moins pour le cœur de l’éditrice de mère que je suis: c’est tout en contemplant les nuages cet été que j’ai vu ce tableau inespéré, mon fils un livre à la main.

Je lui donne encore deux ans, pis il va ben finir par lire mes chroniques, un jus vert à la main sur l’bord du comptoir!

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