Respire
Par Josée Pilotte
Enfin je revis. Enfin je pédale.
Après «quelques arpents de pluie», je me réapproprie ces arpents de verts, je redécouvre, en danseuse, ces monts et ces vallées. Je change de rythme et de plateaux à coup de pédalier.
Rester là. Dans la beauté des paysages qui défilent sous mes yeux. Avec de temps à autre une petite laideur plantée au milieu de rien, presque insignifiante, juste pour rappeler tout le Beau que nous présentent nos Laurentides. Émue, toujours. Par tant de bleus, par tant d’odeurs. Émue d’avoir cet immense privilège d’être là. Au milieu de ça.
Je mouline pour mieux respirer.
Ou je respire pour mieux mouliner.
J’ai l’impression que nous sommes encore plus nombreux cette année sur les routes. Faut dire que le sport est à la mode. Même la copine Natacha, la branchée de Mouriaaal, s’est trouvé un «personal trainer» entre deux plateaux de cinéma. On était une poignée d’«élitistes» (selon le qualificatif réducteur dont nous affublaient plusieurs élus); nous sommes maintenant une armée à marcher, à jogger, à skier, à rouler nos routes et nos sentiers.
D’ailleurs à ce sujet: avez-vous parcouru les sentiers du Chantecler? Quel travail de moine ils ont accompli pour mettre en valeur les lieux. On a l’impression de rouler sur un tapis moelleux.
Oui!, la municipalité de Sainte-Adèle est chanceuse d’avoir ses Robins-des-bois bénévoles qui assurent le terrain de jeux des lieux pour le bénéfice non plus de quelques «bikers casses-gueule» mais de monsieur-et-madame-tout-le-monde qui en sillonnent les pistes le dimanche après-midi.
Enfin je revis. Enfin je pédale, dis-je.
Et avec moi sur mon vélo, l’idée d’une chronique pédale dans ma tête. J’avais oublié les douleurs: celle des muscles comme celle des mots. Cette année je me suis donné comme objectif de res-pi-rer: paraîtrait que ça aide à monter les côtes. Et à trouver la bonne figure de style.
Il pleut. Il pleut plus.
Nos sens sont en éveil. Croquer dans la vie comme croquer dans la fraise fraîche du Québec. Non mais, vous les avez goûtées? Moi j’ai à nouveau mon fermier. Quel bonheur!
Comme «la beauté des paysages qui défilent sous mes yeux», je ramène avec moi de mes premières sorties de vélo l’intention de plusieurs chroniques.
Et beaucoup de vent.
C’est parfois un peu la même chose, non?!