Thérapie de couple chez IKEA
Par Josée Pilotte
Chéri: «Tu dois être bien la seule femme sur la terre qui dit aller chez IKEA s’acheter des chandelles à 3 “piasses” et ressortir avec une facture de cinq cents».
Moi: «My God que tu as le sens de l’exagération, franchement, j’ai acheté que des trucs dont nous avions besoin!»
Chéri: «Ben oui!»
Ce scénario se répète aussi chez Loblaws-méga-Provigo où mon chum est persuadé qu’il y a une conspiration pour nous faire dépenser plus, que dis-je ME faire dépenser plus.
Parce que lui, il a le contrôle…
Dans ma tête à moi, je parlerais plutôt d’une perte de contrôle quand c’est lui qui va faire les courses, revenant avec deux boites de Whippet, deux sacs de chips, et du confort food plein l’panier. Alors que moi, je me force à acheter
bio, santé, local… pour me faire dire quand je reviens avec MON épicerie:
Chéri: «Bon tu as quoi cette fois-ci dans ta ‘tite boite à 100 “piasses” de Rachelle-Béry? Des céleris? Ça fait cher de la branche ton affaire mon amour»
Moi: «Tu n’es même pas drôle, chose!»
Avec nos expériences de magasinages et nos différences de vision de c’est quoi un panier d’épicerie équilibré, j’ose à peine imaginer quelle serait la crise à travers laquelle notre couple devrait passer si nous décidions d’aller chercher la carte du Club Price et que nous allions ensemble – comme tout bon banlieusard – faire «notre Costco du dimanche». Ce serait la mort imminente de notre couple, j’en suis convaincue.
Remarquez que c’est peut-être une conspiration du capitalisme d’aller en couple chez «IKEA, Costco et Cie», pour mettre à l’épreuve la force du lien conjugal. À moins que ce ne soit une mise en jambe pour l’épreuve finale qu’est le magasinage de Noël.
Ou encore une nouvelle version de «Marriage Encounter», qui se veut une expérience «inoubliable et enrichis- sante» pour donner un nouveau souf- fle au couple.
Mais comme je ne connais aucun couple qui ose faire son magasinage de Noël ensemble, je me dis que c’est juste une question de mauvaise volonté de la part des hommes qui trouvent que le magasinage est une perte de temps et encore plus quand celui-ci se fait en compagnie de la tendre moitié, qui ne cesse de s’exta- sier devant l’immense beauté du coussin rouge de chez IKEA!
Mais, mais, mais…y’a exception mesdames. Lâchez loose votre Jules dans les allées du Canadian Tire et jamais vous l’entendrez dire que sa facture est trop élevée, allez donc savoir pourquoi!
Non, je dirais plutôt que rendu au stade de Noël, ça nous prend une sorte de «thérapie» pour se désintoxiquer de cette surdose de consommation (oui, oui c’est moi qui dit ça!) qui
commence avec les pubs et les musiques de Noël dès la fin octobre. Pour terminer en apothéose le 24 décembre; et nous, le 25, sur les genoux.
Alors croyiez-le ou non, en 2015, je me fais le vœu de consommer 50% moins de médias (ça va bien pour une fille qui est dedans jusqu’au cou), moins d’IKEA et faire attention à ma consommation excessive de céleri.
Oui, je suis je suis tannée des mauvaises nouvelles, de cette exagération d’informations qui nous est bombardée et qui finit par ramollir notre cerveau.
Tannée de me faire prendre en otage par tout ce système capitaliste. Voilà, c’est dit!
Et peut-être qu’avec ça, je vais préser- ver mon couple un 20 ans de plus, qui sait. Mais juste avant ça, je croise les doigts pour que le père Noël m’apporte la jolie petite boite bleue qui va me faire dire: «Ohhh, chéri, t’aurai pas dû!…»
Allez, bon magasinage! 🙂