Tous les chemins mènent à Rome

Par Josée Pilotte

Ma chronique intitulée Plus près de toi mon Dieu en a fait réagir plus d’un. En fait, vous avez été nombreux à me dire la chance que j’ai de côtoyer une amie qui affirme sans honte son Amour pour Dieu. Je suis assez d’accord avec vous, ça change du monde moche et sans saveur qui nous emmerde infiniment.

De nos jours la pratique religieuse demeure une question fascinante pour plusieurs d’entre nous. Et comme certaines personnes de ma génération.

j’ai la foi de l’an 2000, je me suis gossé un Dieu au fil des années, ou une spiritualité si vous préférez. Une spiritualité qui n’est attachée à aucun groupe ni aucun dogme. Quoique…

Les courants populaires (facebook, twitter etc…) où plusieurs adeptes de la pensée magique répandent «la bonne parole» chaque jour, voire chaque heure, sont les nouveaux évangélistes de notre époque. Je ne sais pas pour vous, mais moi ça me tape les “prêchis-prêchas” de madame chose qui s’improvise «Gourounne» de cuisine, la Ricardo de l’âme avec une recette prémâchée aux ingrédients parfois douteux. On est assis devant son ordinateur et l’on y répand la bonne nouvelle. Une bonne nouvelle forgée à même notre foutu vécu (ou empruntée à d’autres) comme s’il devait servir d’exemple, nous sacrer grand prêtre de la Vérité.

Tout ça pour vous dire que je me suis rendue à Rome. Car comme c’est à Rome que tout se passe ces jours-ci – canonisation du frère André, nomination du Mgr Ouellet, déclarations de Benoît XVI –, ne reculant devant rien pour vous informer chers lecteurs, je me suis sacrifiée en me rendant voir sur place si Dieu existe vraiment.

Et entre vous et moi, «Josée Pilotte envoyée spéciale à Rome pour le journal Accès», ça se place toujours bien dans une conversation de salon!

Chéri nous a déniché un guide sur le parvis du Vatican, un jeune Américain énergique aux airs un peu fendants.

– Messemble que j’aimerais mieux un guide français, un guide qui ressemble plus à un vrai guide, Chéri… tu sais la vraie affaire et tout et tout…

– Arrête de faire la difficile, pis rentre dans les rangs!

Ce que j’ai fait les deux bras bien croisés. Mais pourtant, je ne me voyais pas me faire expliquer les lieux sacrés par un jeune baveux fringué en Armani qui passe de l’insulte à la profanation.

Non! J’allais à la rencontre de Dieu, bordel!

À la limite j’aurais préféré un de ces jeunes ensoutanés qui sentent l’after shave haut de gamme, croisés un peu plus tôt dans les stradas du vieux Rome. Mais bon, on ne choisit pas toujours nos Intermédiaires!

Restons ouverts. Parce qu’au fond, quelle religion est aussi ouverte que la nôtre? J’ai n’ai pas uniquement vu les voiles bleus et blancs des bonnes sœurs de la charité chrétienne sur la Place Saint-Pierre, mais aussi les casquettes des Yankee’s, et des caméras Nikon accrochés au cou des Chinois au lieu des croix au cou des chrétiens.

Dans ce lieu saint, je m’attendais, peut-être un peu naïvement, à une illumination qui n’est pas venue; le Vatican me semblait le lieu le plus près de Dieu sur cette Terre. Touchée, l’ai-je été? Oui, mais par des milliers de touristes qui se bousculaient. Par la main de Dieu? Rien n’est moins sûr.

– As-tu été touchée Chérie?

– (…)

– Chérie??

– Hum, je ne sais pas quoi te dire.

J’ai comme un malaise devant toute cette immensité, cette richesse, cet étalement clinquant qui aveugle ma foi, qui fait de l’ombre à la Lumière. Messemble que le bien doit se faire plus discrètement non?

Nous avons longuement parlé. Nous sommes entrés et sortis de plusieurs églises durant notre séjour. Nous avons été émus parfois. Mais. Nous avons surtout profité de la dolce vita italienne, de ses saveurs, de ses vins, de ses cafés.

Non, je n’ai pas ramené Dieu dans mes bagages cette fois-ci. Peut-être qu’une autre fois en voyageant plus léger…

– Ah non!, a grimacé Chéri, tu ne vas pas te mettre à faire des chroniques sur la quête de Dieu? Tu n’as pas un autre sujet?

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