Un niqab avec ça?
Par Josée Pilotte
Je fais partie de ces gens qui ne savent pas pour qui voter.
Je suis comme des milliers de Québécois qui branlent dans le manche, le pied sur l’accélérateur et l’autre sur le frein.
Le syndrome du Québécois mou, quoi!
Je sais très bien qu’on n’ira pas loin avec ce genre de comportement, mais cette campagne est pour moi tout sauf stimulante intellectuellement. Elle est vide. Vide de sens et d’intérêt.
Et franchement, je me demande même s’ils nous prennent pas tous pour des cons avec leurs discours convenus sans réels enjeux autres que le niqab. Je ne suis plus capable d’en entendre parler de ce voile qui masque les réels enjeux de notre société.
Si cette campagne est si peu stimulante, c’est parce qu’à mon avis, on nous sert encore la même soupe surie avec un « extra niqab » comme toping qui nous laisse un petit goût acide dans la bouche; et on le sait tous, un corps acide est un corps qui développe des maladies!
Alors, est-ce qu’on est en train de se rendre malades avec le faux discours sur le niqab? Je crois sincèrement que oui, cela nous détourne des vraies questions de valeurs. Des symboles religieux qui ébranlent nos propres valeurs laïques, et égalitaires entre les hommes et les femmes. En fait, l’immigration nous amène à nous questionner comme société sur une question fondamentale : jusqu’où sommes-nous prêts à accepter la différence? Question qui n’a malheureusement pas été débattue.
Alors, pourquoi le niqab polarise autant l’électorat québécois en ce moment? Parce qu’on n’y comprend rien. Pourquoi? Parce qu’on nous détourne des vrais enjeux. Et ce que l’on ne connaît pas fait peur. Et la peur est la porte d’entrée aux idées préconçues et au racisme. D’ailleurs, il n’y a qu’à aller se balader sur les réseaux sociaux pour s’en convaincre. De l’horreur en majuscules et je ne sais pas où tout ça va nous mener.
Nos futurs dirigeants, eux, ne font que mettre de l’huile sur le feu avec leurs discours réducteurs et polarisateurs et nous, eh bien, on mord à pleines dents dans leur semblant de débat sur le niqab.
Comprenez-moi bien, je suis loin de cautionner le port du voile pour toutes les raisons que j’ai mentionnées plus haut, mais là s’arrêtera mon discours sur le sujet, puisque c’est justement cet écueil que je dénonce.
En tout cas, une chose est certaine, je suis totalement désabusée de cette campagne. Et ça, ce n’est pas normal.
Moi qui suis une fille qui s’informe, qui s’intéresse aux enjeux de notre société, qui tente constamment de se forger une opinion sur ceux-ci… Je trouve pathétique de vivre un désabusement pareil.
Alors, imaginez les autres. D’ailleurs, les autres, le ROC (Rest of Canada), semblent aussi – ou sinon plus – mêlés que nous. Je fais référence au dernier vox pop de Guy Nantel qui interroge le Torontois de base sur des éléments simples, tels que : Qui est le premier ministre du Canada? Qui est le chef du NPD? Et ainsi de suite. Et les réponses ne font que t’enfoncer un peu plus la tête dans le sable mouvant. Au secours!
Force est de constater qu’en ce moment, la seule personne autour de moi qui semble suivre avec intérêt les élections, c’est mon fils de 15 ans. Je crois que le fait d’avoir un prof d’histoire allumé – j’ai nommé Gilles Robert – qui a un certain bagage politique, voire un bagage politique certain, stimule les neurones de ma progéniture et fait en sorte que, chaque jour, Fiston construit sa pensée politique. Et laissez-moi vous dire qu’il est bien découragé de voir sa mère aussi perdue.
Non mais, c’est cute à voir, l’autre jour par exemple, il penchait plutôt conservateur quant à leur donner « l’opportunité » de réaliser leur plan économique.
Et là Chéri est intervenu : « Ça fait 10 ans qu’ils sont au pouvoir et s’ils avaient eu à avoir un plan économique, ben on l’aurait su, on l’aurait vu… »
Alors, c’est ça qui est ça, au bout de 66 jours de campagne (sur un total de 78, ouf!), la madame n’est pas plus avancée. Pire que ça, quand je pense qu’il y a une forte probabilité que nous ayons un gouvernement (conservateur?!) minoritaire, je m’écroule de découragement.
On branle dans le manche comme toujours. Le fait de se retrouver aujourd’hui avec trois partis, cela ne nous aidera en rien à trancher. Et il va arriver ce qui doit arriver malheureusement.
On va se retrouver avec un gouvernement minoritaire qui aura été choisi par seulement 30 % de la population. Il y aura donc 70 % de gens qui n’auront pas « gagné leurs élections ». Bonjour la démocratie! Est-ce que je rêve si je dis qu’on a quelque chose qui nous bloque la vue en ce moment?!
On sera 70 % de tatas qui subiront pour les prochaines années des décisions et qui chialeront encore et encore sur des enjeux aussi importants que les changements climatiques, aller ou pas à la guerre et les fameux enjeux reliés à l’immigration… pour ne nommer que ceux-ci. Ouach, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai mal à mon pays tout d’un coup.
Bon, sur cette éloquente constatation, je vais enlever le voile qui m’empêche d’y voir clair. Et je vais prendre exemple sur mon fils et penser à nos enfants et à leur avenir en allant voter le 19 octobre prochain.