Un p’tit Costco avec ça?

Par Josée Pilotte

Vous savez comme journaliste-propriétaire d’un journal, on reçoit toutes sortes de commentaires : vous auriez dû parler de plus ceci, moins de cela, dénoncer ceci, fermer les yeux sur ça. Bref! Vous voyez le genre? Ce qui fait le bonheur des uns fait souvent le malheur des autres.

Comme tout journal local, on se doit de questionner des situations qui touchent notre région que ce soit en bien ou en mal. Et quand c’est en bien, inquiétez-vous pas, on n’en entend pas parler! En revanche, si on a le malheur de mettre le doigt sur le bobo, le patient te sacre un coup de poing dans les dents! Bref, quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, nous, on fait juste notre job.

Bon. Je prends des grands détours pour vous raconter une anecdote qui m’est encore arrivée. Je dis encore, parce que semble-t-il que je les attire selon mon rédac’chef!

Vous savez comme je suis à cheval sur certains principes? Par exemple, je promeus l’achat local et je l’applique dans la mesure du possible. J’utilise ma tribune et mon journal pour véhiculer une certaine conscience de l’importance de soutenir notre communauté en achetant localement. C’est important, ça l’est doublement en période de difficulté économique (je suis écœurée d’entendre parler d’austérité, vous m’excuserez).

Imaginez-vous donc ma surprise quand je suis allée acheter un billet d’une journée pour mon petit Lou au parc aquatique de ma région et dont je tairai le nom par souci d’anonymat.

Il pleut, il fait frette. Bref, c’est l’été au Québec, quoi!

Une gentille madame derrière sa vitre dans son kiosque d’accueil nous réclame la modique somme de 41 $.

– Quarante-et-un dollars???? (Êtes-vous cinglée, me suis-je dit)… Êtes-vous sûre?

– Ben, oui, quarante-et-une piastres!, me répond-elle d’un air légèrement mal à l’aise.

– Vous n’avez pas de prix étudiant?

– Non.

– Euh, des prix résidents?

– Euh, non.

– Ah ouin? C’est dont ben dommage ça!

C’est alors qu’elle se lève de son siège pour s’approcher de sa vitre blindée, s’apprêtant à me révéler l’affaire du siècle.

– Hum, je ne devrais pas vous dire ça, mais si j’étais vous, j’irais chez Costco… La passe de saison est à 50 piastres.

– Hein???!!! Euh, quoi?

Pas besoin de vous dire que les deux bras m’en sont tombés, pis la mâchoire avec!

Mais savez-vous quoi? J’ai payé et j’ai fermé ma grande gueule.

J’ai même donné 20 $ à mon petit Lou pour qu’il mange à la cafétéria et je suis repartie comme une dinde mouillée dans mon char. Et pour vous dire la vérité, je me sentais vraiment comme le dindon de la farce.

Passé le problème de conscience qui m’a habité durant un quart d’heure, c’est la colère de passer pour une cruche qui a pris le dessus. Mon problème n’est pas de payer le juste prix, loin de là. Je m’en fous totalement si vous voulez le savoir. Ça reste un choix. Le choix d’y aller ou pas.

Non, mon argument c’est que je m’efforce de suivre mes principes d’achats locaux et de soutien à la communauté. D’être en lien avec mes valeurs si vous préférez. Et j’ai vraiment de la difficulté avec le fait qu’on me dise d’aller acheter dans une grande surface américaine à Saint-Jérôme, tout ça pour avoir un meilleur prix! Je ne veux pas, je suis désolée, c’est contre tous mes principes. Et puis, je n’en ai pas de carte Costco et je n’en veux pas!

Loin de moi l’idée de vouloir faire la morale à qui que ce soit. Qui suis-je pour le faire de toute façon? Mais tabarouette de maudit, on peut-tu faire en sorte que nos bottines suivent nos babines? Et peut-on favoriser surtout l’achat local? Voyons! Comment ça qu’il faut être membre d’une grande surface aux gros paniers, pour bénéficier d’un deal? Pour ne pas me sentir flouée quand je veux encourager ma communauté, je dois passer par le big brother de la distribution américaine? C’tu vraiment ça que je dois comprendre?

On est tous là à gueuler que notre économie va mal, on se

garroche tous dans les grandes surfaces pour sauver de l’argent. On n’a pas le choix, me direz-vous. Mais ce n’est pas logique de devoir faire ça.

Remarquez que c’est peut-être juste moi, je ne le sais plus. Mais pour l’instant, si je comprends leur logique, le gros plein de Costco s’en tire à bon compte alors que la bonne dinde locale se fait plumer. C’est ça notre société? Vraiment?

Ne devrait-on pas encourager ceux qui nous encouragent et leur offrir un rabais qui, de toute façon, sera compensé par l’achat de billet de masse? Poser la question, c’est y répondre me direz-vous… Je sais!

J’en entends déjà me dire…

« Ben si tu n’es pas contente, vas-y donc pas, Madame chose! »

ou

« Arrête de faire ta puriste et fais donc comme tout le monde, vas-y chez Costco pis arrête de nous achaler avec ça! »

Eh bien, non, c’est une question de principe et j’y tiens.

Point barre!

Bon, la dinde s’en va faire trempette pour faire baisser sa température corporelle!

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