Estime de soi

Par Mimi Legault

J’ai connu une femme au travail dont sa pensée se résumait à ceci : je veux être aimée de tous, sans exception. Elle en a ramé un coup pour tenter de réussir ce rêve irréalisable. Ça ne se peut pas. L’estime de soi qui se construit sur l’approbation des autres, ça ne m’intéresse pas une miette et quart. Durant ma carrière de chroniqueuse, j’ai reçu quelques commentaires vulgaires venant de petites personnes anonymes. Ça ne m’a jamais au grand jamais empêché de dormir. Mais tout cela fait belle lurette parce que j’ai désormais un ami qui lit toutes mes réceptions et il bannit le négatif. J’ai aussi la très grande chance d’avoir un très proche de la famille qui se trouve être copain avec une « bolle » en informatique. Vous devriez voir ce qu’il est capable de faire!

Mais revenons à nos moutons… L’idée est de se bâtir une estime de soi assez forte pour faire face à celui qui tente de te détruire soit par réseaux sociaux, par commentaires désobligeants, soit par une indifférence répétée. Il y avait dans ma classe une fille qui compétitionnait contre moi, côté notes scolaires, côté sport. Aujourd’hui, on appellerait ça « harcèlement ». Dans le temps, ça ne portait pas de nom, mais ça faisait aussi mal. Sauf que le conseil de mon père vient à ma rescousse. Ton problème Mimi, m’avait-il dit, c’est que tu la vois énorme dans ton esprit comme une guerrière plus forte que toi prête à t’attaquer. Rapetisse-la et toi grossis ton image. Cela a marché. Elle est devenue minus… Il me faut avouer qu’un jour, j’avais décidé de l’affronter physiquement. À la récré, on s’est battu. C’est même elle qui avait gagné, mais elle ne m’a plus jamais achalée. Je ne conseille à personne de régler ça avec des poings mais bon… N’empêche que cela avait grossi mon égo, ça d’épais. Comme quoi la petite fourmi ne souffre jamais de la faim et que le lion, malgré ses crocs et ses griffes acérées, ne trouve pas toujours à manger. J’ai appris à me construire une carapace. Je ne dis pas qu’elle ne craque pas parfois. À ce moment-là, je rectifie mon tir.

L’estime de soi est une chose tellement délicate, tellement épineuse qu’il faut la traiter avec douceur, comme elle le mérite. Je me demande parfois pourquoi une personne se déteste. Peur de se tromper? Crainte de ne pas faire ce que les autres attendent de nous? Ce qui revient à dire que chacun n’a pas assez d’estime de lui pour faire fi du mépris des autres. Il n’existe aucun prix pour se faire aimer. Aucun. Sinon, on le paie beaucoup trop cher. Il y a des gens que j’ai profondément aimés dans ma vie et sans trop savoir pourquoi, nos chemins se sont séparés. Bien sûr que ça fait mal! Regardez mes cicatrices. Mais je ne les touche pas, ne les cajole pas non plus. Je regarde droit devant et me redis de ne laisser personne être une priorité dans ma vie (sauf pour ma garde rapprochée) quand tu n’es qu’une option dans la sienne.

Vous aimez les histoires, en voilà une vécue. Là où j’habitais, il y avait un mal-aimé que les gens appelaient méchamment Gros-Pétack Landry. J’ai changé un peu le nom pour éviter qu’il soit reconnu même si ça fait des années qu’il est décédé. Côté physique, mettons qu’il était en déficit. Gros-Pétack n’était pas une échalote, vous l’aurez bien deviné. Cet homme était riche et puissant mais bête à manger du foin. Il avait les sous, mais aucun savoir-vivre. Suce-la cenne- ou baise-la piastre, c’était lui tout craché. On ne savait pas dans quel domaine il avait fait sa fortune, c’était son côté embrouillé et sombre. Mais il voulait être aimé, se faire petit alors qu’il prenait toute la place. Vers la fin de sa vie, il lui arrivait de se parler à lui-même pour être certain que quelqu’un l’écoutait. Et lorsqu’il est parti jouer de la harpe là-haut, ses cendres, dans un petit avion, ont survolé ma petite ville; ses volontés furent faites : on les répandit partout dans le canton et derrière le petit avion, sur la pancarte étaient écrits ces mots : aimez-moi!!!

C’est vrai qu’on ne peut plaire à tout le monde, mais je me dis qu’on ne peut pas déplaire à tout le monde!

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