Heureuse de rien
Par Mimi Legault
Vous passez de bonnes vacances ? Tant mieux ! Pour ma part, on dirait que j’ai perdu la notion du temps lorsque mon esthéticienne m’a dit : rendez-vous dans trois semaines à la mi-août. Hein ? Côté magasins, ce sont les pubs pour la rentrée scolaire. Les costumes d’Halloween vont bientôt apparaître comme de vieux fantômes si ce n’est déjà fait. Alors, j’ai agi comme l’annonce au bout de la rue : Stop !
Je préfère vous faire part de mes petits moments de bonheur que j’avais gardés dans la poche arrière de mes jeans. J’ai découvert qu’un rien me rendait heureuse. Je vous les offre comme un bonus. Heureuse d’avoir trouvé au fond de mon sac de pop-corn au cinéma un morceau de soleil. D’un bon coup au golf, non mais c’est « tee » l’fun ! Remplie de bonheur du son de ma petite fontaine dans le jardin qui chante un air de fête ou d’une première gorgée de blonde ou de brune québécoise dans le gosier, journée de canicule.
Je jouis en regardant mes graminées qui battent au vent ou de mon p’tit coin repos de rien à l’extérieur sur mon Adirondack. Tellement heureuse de recevoir de l’un de mes enfants, parti en voyage au Maroc qui me texte à dos de chameau : tout va bien, m’man ! Émue d’apercevoir sur la Principale un couple d’aînés déambuler main dans la main, chapeau de paille et cœur en fleur.
Contente à la vue d’une terrasse de resto en fût, en odeurs grillées, fleurie d’éclats de rire. Amusée d’un sourire édenté d’une belle petite princesse dans son carrosse argenté poussé par sa fée-maman. Joyeuse de voir arriver notre amie Yogi venir faire des jeux de société un dimanche après-midi pluvieux. Souvenir encore tout chaud lorsque mes bébés faisaient enfin leur nuit. Et rien ne me fait plus plaisir que de voir mon chat Henri qui m’attend devant la porte et qui se roule par terre sur le dos en me voyant arriver. Pleinement heureuse avec Douce Moitié qui m’offre son regard bleu azur pour que je m’y noie dedans.
Fin de la journée, mon amie Jo qui se pointe le bout du nez pour piquer une jasette « en veillant su’l perron ». L’appel du médecin pour me confirmer que le résultat de mes analyses est à 100 % parfait. Ravie d’un brunch familial qui goûte le ciel.
Satisfaite de ma confiture de fraises maison étalée sur du pain miche qui fait son frais, croûte que croûte… Suis aux anges lorsque je trouve un dix sous par terre; promesse de ma mère qui, de là-haut, me fait un p’tit coucou. Chaque fois que tu en trouveras un, pense à moi, je ferai de même, m’avait-elle promis.
Un simple appel téléphonique qui se termine par je t’aime maman, je t’aime ma sœur, je t’aime mon amie, je t’aime mon amour me comble totalement. Un regard circulaire sur nos vertes montagnes de Saint-Sauveur épargnées des incendies insensés qui brûlent ailleurs des centaines de rêves.
Un après-midi du mois d’août pas trop chaud et sec qui se berce dans son hamac pour une sieste méritée.
Deux recettes réussies coup sur coup; la première sur le BBQ, une brochette de poulet et de pêches, sauce crémeuse à la soupe à l’oignon, la seconde un hot dog avec merguez et oignons caramélisés. Merci Ricardo ! Et même ma friteuse à air chaud me ravit, elle me rend gaga à force de croustiller ma vie !
Comme vous voyez, je suis loin d’être une athée du bonheur ! C’est juste qu’il faut savoir le reconnaître quand il passe parce qu’il ne porte pas toujours ses habits du dimanche. Il offre des plaisirs simples qui se succèdent en douceur comme des perles qui glissent de leur fil. Je n’ai pas le temps de me demander si je suis heureuse, c’est peut-être ça le bonheur. Heureuse de rien, heureuse de tout, finalement…