Plus vert chez le voisin

Par Mimi Legault

Il y a des choses que je ne comprendrai jamais, dont l’obsession d’avoir un gazon parfait chez soi, par exemple. Lors d’une publicité où l’on vante un produit pour la pelouse idéale, on finit par dire « même votre voisin en sera jaloux ».

Immanquablement, je me mets à rire. Jaloux du gazon du voisin? Bien voyons dont! Me semble qu’il y a plus de choses sérieuses à discuter surtout à l’époque où nous vivons. Le mien, il pousse dans sa « croissance personnelle », il s’en porte fort bien. La libârté, tiens!

Là où je fais ma marche quotidienne, des luxueuses et spacieuses maisons y trônent. Le gazon va avec le reste. Sinon, ce serait comme si ma grand-mère Marie se promenait avec son étole de vison en jeans troués. Un paysagiste me disait dernièrement que certaines compagnies d’engrais chimiques réussissent à convaincre leurs clients que leur gazon doit ressembler à des « verts sur le golf » ! Belle affaire! Je sais qu’une petite ville des Laurentides a obtenu le droit d’interdire les fertilisants et pesticides malgré une poursuite d’un géant en entretien de pelouse. David qui gagne contre Goliath! Je me permets une petite parenthèse pour être juste. Les produits de Goliath sont quand même en vente libre donc autorisés; il y a comme un os dans le fromage…

Je ne suis pas contre le gazon vert sur lequel je pourrais marcher pieds nus tant il serait invitant, mais il est à espérer que l’on découvre des fertilisants bio qui ne dérangent pas Dame Nature. On est rendu là. L’hiver n’était pas encore terminé que j’avais un carton à ma porte m’invitant à les appeler pour soigner ma pelouse. Dr Bogazon, qu’est-ce qu’elle a ma pelouse? Elle fait de l’acné terrienne? Vous désirez l’opérer? Chanceuse! Pas besoin d’attendre des mois pour subir une opération esthétique.

Changeons de sujet tout en restant dans le même. Vous me suivez? L’expression « l’herbe plus verte chez le voisin » va beaucoup plus loin. Comme croire que la vie des autres paraît toujours plus belle que la nôtre. Que leurs cercles d’amis est plus grand, que leur bonheur est davantage rose et le nôtre plus terne. Sitôt servi au restaurant, qui n’est pas porté à regarder l’assiette du voisin? Je ne me souviens plus du vieil adage qui disait quelque chose comme ça : tant que tu n’as pas marché des kilomètres dans les souliers de l’autre, tu ne peux prétendre le connaître et même l’envier. Notre imagination nous joue continuellement des tours.

On pense que l’autre est plus heureux, on mettrait sa main au feu que le voisin est riche. On envie celui qui part en voyage alors que peut-être toute sa vie se passe avec des cartes de crédit. Je demeure certaine (ou presque, il y a toujours l’exception) que ce qui se passe dans d’autres chaumières n’est pas si joyeux finalement.

Un jour, l’un de mes élèves me parle de suicide. 10 ans qu’il avait. En discutant avec ce dernier, il me nomme les trois gars qui le harcèlent depuis des lunes. Je rencontre le trio en question  qui  me rit en pleine face. Je décide de les rencontrer un par un. C’était une autre histoire. Chacun avait l’air d’un minus; d’un gros texte à faire peur, il était devenu une petite virgule. Pourtant, lorsqu’on les rencontrait à trois, on enviait leur force et même leur leadership négatif.

Il n’est pas bon de croire que l’herbe est plus verte chez l’autre. La plupart du temps, c’est de la frime. Une de mes tantes avait dit un jour en parlant de sa voisine : « je la connais intimement, nous avons la même femme de ménage »… Ben oui toé… L’envie ne fait pas partie de ma vie, c’est le cas de le dire. C’est peut-être ça la sagesse. On ne peut pas être aimé par tout le monde et j’irai plus loin, il y a des gens que je connais et je n’aimerais pas être aimée par eux. Je me sauve des flatteurs qui m’alimentent avec une cuiller vide.

La prochaine fois que vous envierez quelqu’un, demandez-lui de vous passer ses « runnings » et allez courir. Vous m’en donnerez des nouvelles et surtout ne passez pas sur son gazon!

1 commentaire

  1. Toponymie à St-Jérôme la décision de nommer les terres Parent Quartier Montmartre avec des noms de rues à coucher dehors des dépenses énormes aux frais des Jéromiens et carte blanche aux promoteurs sur tout et rien quelle farce le prolongement du Quartier Parent avec le même nom eut été une logique que nos élus maire en tête et toponymie inexistante ont acceptées devant des demandes farfelues des promoteurs qui soit dit en passant encourageait des commercants de l`extérieur seulement.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mots-clés