Slow living
Par Mimi Legault
Le Slow living. Vous connaissez cette dernière expression à la mode? Je vous invite à aller sur un site de recherche et à écrire ces deux mots. C’est une invitation very V.I.P. (tant qu’à parler english, allons-y tout de go…) à vivre le moment présent, mais c’est plus que ça. C’est un virage à 180 degrés. Je vous donne un exemple précis. Deux religieuses missionnaires québécoises en Haïti qui avaient vécu là-bas pendant 13 ans décidèrent de revenir au pays. En descendant de l’avion, elles furent happées (mais non happy) par le rythme de vie des gens d’ici. Si bien, qu’à voir courir le monde autour d’elles à l’aéroport, elles ont cru à un appel à la bombe.
Lorsque je les avais invitées à venir rencontrer mes élèves, seulement l’une des deux s’était présentée. L’autre? Repartie là-bas illico parce qu’incapable d’adopter le rythme fou des Québécois. Qu’avaient-ils tant à courir? s’est-elle demandée. Parce que justement, on fait nos courses dans de grands magasins. On se waltmartyrise, on se carte de crétinise. On veut tellement scorer que notre vie finit par sentir la poche de hockey.
On vit vite. Vite, vite, vite. En pensant à NOS problèmes. En oubliant (entre autres) ceux de l’Ukraine. La guerre, vous dites? Mais MOI, je me bats tous les jours pour payer MON loyer, MON gin et la nourriture pour mes deux caniches, me suis-je fait répondre dernièrement.
Le slow living c’est justement d’arrêter. Stopper le TROP. Trop dépenser, trop d’écrans, trop de stress, trop de vitesse, trop de chicanes, trop de maladies. Trop, je vous dis. C’est comme si je vous invitais à lâcher le rap ou le rock & roll pour vous offrir, du moins pour un moment, de danser un bon slow. Ou de lâcher les manèges super rapides qui vous virent à l’envers pour embarquer ne serait-ce que quelques instants dans un simple carrousel.
On dirait que l’Humain d’aujourd’hui vit au-delà de ses limites et pourtant, les excès tuent davantage que les armes. Si on vous annonçait que vous avez un cancer fulgurant, la première question posée au médecin serait : combien de temps me reste-t-il? Le temps, votre meilleur ami et pire ennemi. Si vous ne prenez pas le temps, c’est lui qui vous prendra.
Alors, je l’ai pris ce fameux temps, je l’ai fait gagner et souvent perdre; je l’ai pressé, tué, acheté, l’ai retrouvé… à temps. L’ai traité de beau et de mauvais, l’ai mis à mon emploi, l’ai rendu utile, mais tout cela est demeuré dérisoire, c’est toujours lui qui me possède.
L’autre jour, à la radio, l’animatrice a dit en parlant du slow living : tu veux ralentir ta vie? Ben pas moi, alors tasse-toi mononcle! Et pourtant, dans notre clos hivernal, l’occasion est belle pour prendre soin de notre âme égratignée ne serait-ce que pour savoir de quelle couleur est notre ciel intérieur. De réaliser la présence de ceux et celles avec qui on vit quotidiennement. L’ego est un monstre obèse qui nous invite parfois à nous murer dans une solitude pesante et un soi-même écartelé.
Tenez. Un petit exemple. Au moment où j’écris ma chronique, il fait un temps de merde. Je devais aller reconduire une personne âgée à 20 km de chez moi. Une forte poussée de neige venait de s’abattre et ce fut suivi d’un peu de verglas. Ayoye! Je n’ai pu compter toutes les autos qui m’ont dépassée alors que je roulais normalement. Ces conducteurs téméraires pesaient sur le champignon (le plus venimeux, à mon avis) comme si c’était un 7 juillet, asphalte sec, gougounes et short compris. Qu’est-ce qui pressait tant?
Si tu as le feeling de ne plus avoir le pied marin même sur la terre ferme. Si tu as la nette impression de grignoter ton quotidien sur le bout d’une table. Si tu tricotes ta vie avec du fil barbelé, si tes chagrins deviennent du crazy glue, il est grand temps de peser sur pause sur la manette de ta télé où tu te joues ta propre comédie. Un simple mot de quatre lettres : STOP!