Josée Pilotte

Une tranche de vie par jour, un jour à la fois

Par Josée Pilotte

Chaque début d’année, je prends une pause. Une vraie. Je dis à mon entourage que je suis en cure d’alcool, de sucre, de gluten et j’en passe. Mais en fait, c’est plus que ça : je remets le compteur à zéro et je fais le point. Je me permets de ralentir le rythme, de recharger mes batteries pour me donner ainsi la chance d’entamer mon année avec une vision plus claire sur ma vie et d’y mettre mes priorités. Les bonnes.
Ça fait quelques années que nous avons ce rituel mon chum et moi. Au début, ce fut un supplice, mais plus les années passent, plus nous voyons cette pause comme un cadeau que l’on se fait. On choisit donc de revenir à l’essentiel, c’est-à-dire nous, et voir ce qui se passe dans notre corps et notre esprit. Ça peut sembler ésotérique dit comme ça, mais ce ne l’est pas du tout. Il faut l’essayer pour comprendre comment nos mauvaises habitudes prennent de la place dans nos vies et nous bouffent de l’énergie. On a tous quelque chose dans nos vies que l’on veut améliorer afin de nous sentir mieux dans notre corps et dans notre tête. Changer nos mauvaises habitudes pour quelque chose qui nous fait du bien.
Tenez, moi par exemple, j’avais comme mauvaise habitude de manger deux, trois carrés de chocolat noir 80 % dans la soirée. Pour une fille qui ne boit pas de café parce que ça me stimule trop, je peux vous dire que c’est une drogue, une vraie; au point de m’empêcher certains soirs de m’endormir. Malgré cette foutue mauvaise habitude, j’en mange pareil, soir après soir.
Mon chum, oh boy, c’est pire que moi : le sucre, le sucre et encore le sucre. Le pire, c’est qu’il ne se voit pas manger. Pour lui – tout comme moi – il s’agit d’une forme de récompense. On se fait aller nos neurotransmetteurs. Et le sucre, le chocolat, le gras, sont addictifs.
Bon, je vous entends dire : « Ouin pis, on est-tu obligé d’arrêter tout, juste pour trois morceaux de chocolat? »
Le problème, c’est que ce n’est pas juste le chocolat, c’est aussi la bouteille de vin prise chaque jeudi soir que le bon Dieu amène, parce que tu t’es fait accroire que le jeudi c’est le début de la fin de semaine et que la fin de semaine, eh bien, tu y as droit. C’est te donner bonne conscience que manger une poutine après avoir fait une activité physique ça ne compte pas. Bon, vous voyez ce que je veux dire, n’est-ce pas?!
Alors, c’est quand tu t’arrêtes que tu comprends que tu t’en es fait accroire une, pis une autre pour manger ton sac de chips sans te sentir coupable. Ah pis là, j’entends déjà ceux qui vont me dire : « Hey la grande, on a une seule vie à vivre, c’est pas une ou deux chips qui vont te faire mourir… » Non. Mais l’ensemble de l’œuvre des mauvaises habitudes, peut-être bien que oui!
Là, on se comprend : ton sac de chips pris de manière isolée, une fois de temps en temps, ce n’est pas ça qui va te tuer, on est d’accord. Le problème, c’est quand tu te vois plus aller. Tu ne vois plus que cette habitude a une emprise sur toi, jusqu’à contrôler ta vie. Là, on parle de bouffe, mais on pourrait parler de tous ces petits gestes, faits au quotidien, machinalement, et qui sont toxiques et qu’on emmagasine sans se poser de question. La fuite en avant! Bien important! Et là, partez-moi pas sur l’addiction électronique, véritable fléau qui empoisonne littéralement notre rapport aux autres et donc nous-même.
Donc, en ce qui me concerne, mon mois d’abstinence, de cure, appelez ça comme vous voulez, me remet les yeux devant les trous, vous comprenez? Pis, en prime, ça me fait un bien immense. De tout cela, j’essaye de m’améliorer, de changer deux, trois petites affaires dans ma vie et mine de rien, ça porte fruit. Bref, je me responsabilise en prenant ma santé mentale et physique en main. Et de pas prendre tout pour du cash. On vit dans une société où l’esprit critique a pris le bord et qu’on achète consciemment ou pas des concepts ou des principes qui nous tuent à petit feu.
Oui, ça prend de la volonté, même si ça peut sembler plate.
Mais personnellement, j’essaye en vieillissant de voyager plus léger. Et ça me fait du bien de penser que si je veux, je peux.
Eh oui, il faut se choisir, oui, il faut s’aimer un peu plus. Et comme on dit : on n’a qu’une vie à vivre! Eh bien moi,  je compte bien vivre la mienne. Jusqu’à 100 ans, avec un verre de jus vert dans une main et un verre de rouge dans l’autre, question d’équilibrer… Faut quand même pas charrier. « Yolo! » (You only live once)

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