(Photo : Charles Séguin)

Au printemps, la randonnée attend

Par Charles Séguin

Le beau temps qui se pointe timidement le bout du nez donnera sans doute envie à bien des randonneurs de renouer avec leurs sentiers préférés. Mais ne traînons pas nos sentiers dans la boue. Au printemps, le sol dégèle tranquillement et les sentiers ont besoin de répit avant d’être prêts à se faire piétiner de nouveau.

La quasi-totalité des réseaux de randonnée pédestre des Laurentides est fermée pendant le dégel. La patience des randonneurs est nécessaire à la préservation des milieux naturels et des sentiers, selon le formateur en aménagement de sentiers pédestres chez Rando Québec, Jean Lacasse.

À eux seuls, quelques passants souhaitant profiter hâtivement des panoramas à couper le souffle de la région peuvent endommager sérieusement les sentiers. Du travail supplémentaire s’ajoute alors sur les épaules des équipes d’entretien, dont les ressources sont limitées.

La biodiversité aussi en prend un coup. Les aventuriers qui marchent en bordure des sentiers pour éviter les flaques d’eau élargissent les corridors de marche et nuisent à la prolifération des espèces.

Le sol noyé dans l’eau

Sentier boue randonnée printemps

« Au printemps, la neige fond et le sol dégèle du haut vers le bas », explique Jean Lacasse. Le fond du sol demeure gelé, donc le drainage est impossible. « L’eau s’accumule sur le dessus et la terre dégelée devient saturée en eau, ce qui crée une couche épaisse de boue. » 

Ajoutez à cela l’expansion que prend toute cette eau quand elle gèle la nuit. « En dégelant dans le jour, de l’espace se libère pour encore plus d’eau, observe M. Lacasse, les particules de sol sont complètement noyées. » 

« Quelques dizaines de personnes peuvent dévaster un sentier », poursuit-il. Chaque pas qui s’enfonce dans cette couche de boue accélère l’érosion des sentiers. De plus, cette surface vasouillarde est glissante. Les randonneurs qui s’y aventurent risquent de faire une mauvaise chute.

« Bien choisir son spot »

Difficile de savoir quand les sentiers se sont suffisamment drainés pour être praticables. Jean Lacasse en appelle au bon jugement : « être un bon citoyen, c’est de rebrousser chemin quand on se rend compte qu’on massacre un sentier, même si c’est frustrant. »

La plupart des réseaux des Laurentides devraient rouvrir progressivement aux environs de la mi-mai. D’ici là, avant de planifier une sortie en randonnée pédestre, un coup de fil s’impose pour connaître l’état réel des sentiers. 

En attendant, Jean Lacasse recommande aux avides de grands espaces de « bien choisir leur spot. » Les zones de basse altitude, le sud de la province, la base des montagnes et le bord des lacs sont les premiers à redevenir praticables. Encore mieux : ils peuvent s’impliquer auprès de leur organisation locale et contribuer à la préparation des sentiers pour la saison sèche!

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