Les routes blanches : Skier de village en village sera bientôt possible
Camille Carle et Jean-François Girard ont passé une partie de leur hiver à sillonner des sentiers de ski de fond des Laurentides pour créer des « routes blanches ». Cette initiative de la SOPAIR vise à créer des itinéraires « touristiquement attrayants, remettant en valeur le patrimoine skiable de la région ». L’objectif : reconnecter villages et MRC ensemble par des sentiers qui sont déjà pérennisés. Ces itinéraires de plusieurs jours devraient être rendus disponibles dès l’hiver prochain.
Cette initiative se fait en parallèle du projet de pérennisation des sentiers patrimoniaux des Laurentides. La vision et l’objectif sont toutefois différents. Les routes blanches visent plutôt à « démocratiser » le ski de fond nordique et à rendre accessible ce sport, en plus de rendre vivant les sentiers déjà pérennisés, expliquent Camille et Jean-François. Ainsi, les itinéraires ne se font pas nécessairement sur des sentiers patrimoniaux, mais bien sur des sentiers de ski nordique.
« Quand j’ai commencé le ski de fond, je voyais des cartes avec des sentiers qui dépassaient. Je me demandais : où vont ces sentiers ? Puis je collais les cartes ensemble et j’arrivais à me déplacer de village en village », raconte Jean-François. Toutefois, peu de gens font la même chose et restent dans le même réseau local. Le but est donc de rendre ces parcours accessibles et que les gens aient une cartographie clés en main. Le projet s’apparente par exemple à la Route verte ou bien à la Véloroute des bleuets du lac Saint-Jean.
Trois boucles
Les deux adeptes de plein air ont donc développé trois boucles de 10 à 20 km par jour dans trois secteurs différents des Laurentides. Chacune propose un niveau de difficulté différent et une expérience unique. Que ce soit pour être davantage en forêt ou pour vivre plus l’expérience de village, les itinéraires s’adaptent à ce que vous cherchez.
D’abord, une boucle plus « sauvage » relie Morin-Heights à Sainte-Agathe-des-Monts, en passant par Saint-Adolphe-d’Howard. Lors de celle-ci, il est possible de dormir dans des refuges. La deuxième part de Val-David pour se rendre à Prévost, en empruntant la Maple Leaf. Enfin, la troisième passe dans le secteur du versant Nord de la station Tremblant ainsi que dans le vieux village de Mont-Tremblant.
Les routes blanches permettront de donner aux skieurs toute l’information pour partir dans une aventure de plusieurs jours. On y proposera où s’héberger, où manger, où se stationnement, etc.
Tout documenter
Pendant neuf jours durant le mois de février, Camille et Jean-François ont parcouru des kilomètres de sentiers afin de déterminer les itinéraires. « On se levait tôt, on prenait des notes sur la signalisation. On se mettait vraiment dans la peau de quelqu’un qui ne connait pas le sentier. C’est là qu’on pouvait vraiment agrémenter l’information », explique Camille. Pentes fortes, stationnements, contraintes : ils prenaient tout en note pour améliorer l’expérience.
Par ailleurs, ce qui rend ce projet spécial, c’est que c’est la première enveloppe budgétaire qui permet à la SOPAIR d’aller à l’extérieur de la MRC des Pays-d’en-Haut. Ainsi, il est possible de sortir des frontières des municipalités.
« C’est dans l’essence et dans le patrimoine du ski nordique de voyager de village en village »
– Jean-François Girard
Des boucles de ski de fond existent ailleurs au Québec, comme la Traversée de Charlevoix ou dans le parc de la Gaspésie. Toutefois, ces itinéraires sont parfois très loin et difficiles. Aussi, ils sont moins accessibles aux amateurs de ski de fond qui ne veulent pas nécessairement partir pour un expédition.
« L’avantage qu’on a, et qui est unique dans la province, c’est qu’il n’y a pas seulement des refuges. Tu peux aussi vivre l’expérience restauration : tu arrives le soir et tu peux être super confortable ! Mais tu as fait un parcours de ski nordique durant ta journée », souligne Camille.
Convaincre les partenaires et les municipalités
Après avoir cartographié et remis toute l’information nécessaire pour créer les boucles, il restera à aller chercher des partenaires et à « embarquer » des gens dans le projet. C’est la SOPAIR qui s’occupe du volet davantage « politique ».
Pour la prochaine année, la SOPAIR va travailler à conclure des ententes avec des propriétaires. « On va pouvoir prioriser sur quels secteurs travailler en fonction du travail de Camille et Jean-François », soutient Marie-France Lajeunesse, directrice générale de la SOPAIR. L’organisme veut aussi développer des stationnements « multi-jours » pour que les gens puissent laisser leur voiture durant leur expédition.
Selon eux, ce projet va permettre de faire revivre la culture du ski de fond de village en village dans les Laurentides.