D’olympienne à nutritionniste : Ariane Lavigne conjugue deux passions
En 2014, Ariane Lavigne décrochait la 8e place au Slalom géant en parallèle en snowboard, aux Jeux olympiques de Sotchi. Aujourd’hui, elle accompagne des athlètes et des équipes de haut niveau en tant que nutritionniste.
Ce n’est pas n’importe où qu’Ariane débute le ski : à Chevigny, en France. Née à dans les Laurentides, elle passe ses huit premiers hivers en Europe, où ses parents travaillent dans les alpes. Rapidement, la passion se transmet. De retour au Québec, la jeune skieuse entre dans le club de compétition du Mont-Tremblant vers l’âge de 9 ans.
Le snowboard arrive plus tard, à 17 ans. Une amie l’introduit à ce sport et la transition se fait naturellement. En parallèle, Ariane mène des études en nutrition. À la fin de celles-ci, elle se consacre à temps plein au snowboard et accède éventuellement à l’équipe nationale et participe au circuit de la Coupe du Monde de 2009 à 2015, ainsi qu’aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014.
À son arrivée dans l’équipe nationale, une nutritionniste est attitrée aux athlètes. Son diplôme en poche, Ariane peut toutefois appliquer sur elle-même ce qu’elle a appris pendant ses études et ce qu’elle lit au quotidien. « J’ai pu tester certains suppléments de performance. Quand je lisais sur la caféine ou sur l’hydratation, je le mettais en pratique », explique-t-elle.
Un accompagnement complet
Le travail en nutrition commence bien avant les compétitions d’envergure. La période hors-saison, où l’athlète s’entraîne au niveau de la force ou de l’endurance, est le moment idéal pour débuter les échanges, explique Ariane Lavigne. Une fois sur neige, on adapte l’alimentation et l’hydratation avant, pendant et après l’activité physique, pour favoriser la récupération. « Ce qui fonctionne bien à l’entrainement, on voudra le réinsérer dans des compétitions. On commence en début de saison, avec les compétitions un peu moins importantes », indique la nutritionniste.
Les voyages à l’étranger comportent également leur lot de défis. Il faut apporter des aliments connus dans les bagages. Sur place, il faut s’assurer que l’athlète ait accès aux aliments nécessaires ou du moins, à des équivalences. Lorsque la journée de compétition arrive, l’objectif est que l’athlète soit « sur le pilote automatique ».
Travailler comme nutritionniste du sport, c’est un travail d’accompagnement complexe et continu. « J’ai des athlètes avec qui je travaille depuis 7, 8 ou 10 ans. Je les accompagne de mois en mois, de saison en saison, c’est évolutif. » Ariane suit même des athlètes jusqu’à leurs compétitions ou à leurs camps d’entrainement. « On cuisine ensemble, je les vois dans leur quotidien, je voyage avec eux », énumère-t-elle. Être nutritionniste sportive, c’est donc faire partie d’une nouvelle équipe, mais différemment. « Il n’y a pas beaucoup de nutritionnistes du sport au Québec. C’est un petit créneau que je trouvais captivant », affirme Ariane Lavigne.
Aujourd’hui, elle est consultante avec Vivaï, une équipe de nutritionnistes du sport. Ses bureaux de pratique sont basés à Tremblant et à Saint-Sauveur. Elle travaille également avec l’Institut national du Sport du Québec (INS) et avec Tennis Canada. La nutritionniste accompagne aussi des clients dans des objectifs sportifs récréatifs, comme celui de compléter un marathon. En dehors de la sphère sportive, elle travaille également avec une clientèle générale.
Le sport et la nourriture : en évolution
À travers son expérience comme nutritionniste et comme athlète, Ariane témoigne d’une évolution dans le rapport du sport avec la nourriture. Ça fait déjà une quinzaine d’années que des nutritionnistes gravitent avec le milieu sportif. Au départ, la pratique était davantage associée à des sports aqua-artistiques, au plongeon ou à la gymnastique. La culture était alors orientée vers la minceur. « Il y avait tellement de troubles alimentaires et de souffrance », déplore Ariane Lavigne.
Heureusement, elle témoigne d’une amélioration dans le rapport à l’alimentation et au corps. Il y a plus d’éducation auprès des athlètes et des entraineurs, et moins de pression à atteindre un gabarit particulier. « Les athlètes sont mieux outillés et entourés pour développer une meilleure relation avec la nourriture. » Ce n’est pas encore parfait, mais ça évolue pour le mieux, souligne la nutritionniste.
Cette dernière constate aussi d’une tendance plus individuelle et personnalisée. « Il y a 15 ou 20 ans, c’était très théorique : voici ton sport, voici ton poids corporel idéal et mange tant de grammes. C’était très cartésien. Maintenant, on fait beaucoup de psychologie. On voit comment l’athlète se sent, quelles sont ses préférences, quel est son niveau d’énergie. » C’est un travail de collaboration entre l’athlète et le nutritionniste.
Quelques astuces pour vos sorties hivernales
Le défi des sports d’hiver, c’est « l’hydratation », dit Ariane Lavigne. Elle propose d’amener des boissons chaudes, des thés, des tisanes, des bouillons ou du chocolat chaud, quand c’est possible. Il existe aussi des gourdes flexibles qu’on peut garder dans les poches du manteau.
Pour des sorties de plus longue durée où il faut traîner de la nourriture, l’important, c’est que ça ne gèle pas. Dans ces circonstances, Ariane aime bien les barres de figues, les barres de fruits ou les compotes de pommes en sachet. On peut aussi traîner des mélanges du randonneur, du fromage ou du beurre d’arachide. Mais il faudra enlever les mitaines.