Emploi sportif : La relève en arbitrage va mieux au hockey qu’à la balle
Par Luc Robert
Les sports traditionnels que sont le baseball et le hockey pâtissent plus souvent qu’autrement au niveau de la relève en arbitrage. Des intervenants du milieu de la balle craignent que certaines catégories disparaissent, faute d’officiels. La situation s’améliore toutefois au hockey des Laurentides.
Une multitude de facteurs contribuent à rendre moins attrayante la venue de sang neuf chez les jeunes « bleus » au baseball, qui préfèrent apprendre à travailler dans un milieu plus stable où ils seront respectés.
« Les épiceries et les quincailleries locales donnent des heures et des salaires fixes. On a encore une pléade de jeunes qui ont de la volonté et du talent. Mais quand il y a des parents et des entraîneurs qui tombent sur le dos des jeunes arbitres au terrain de balle, c’est inacceptable. Il ne se rendent pas compte que ce sont leurs jeunes qui ne pourront peut-être pas disputer de match la semaine suivante ou l’été suivant, parce que nos jeunes officiels en ont assez dès le départ, se déclarant non-disponibles et réorientant leur recherche de premier emploi ailleurs », a confié un vétéran arbitre tant au baseball qu’au hockey local.
Difficile de travailler en solo
À l’été 2023, des parties régulières ont dû être annulées, faute d’arbitre, dont à Prévost. Une multitude d’autres parties ont eu lieu avec un seul officiel en devoir, sur le territoire de Baseball Québec Laurentides (BQL). Malgré cela, certains entraîneurs trouvaient encore le moyen d’enguirlander les « bleus » à la moindre décision serrée.
« Ce n’est pas évident pour personne de travailler en solo. Pendant la pandémie, avec un coureur sur les buts, on se plaçait en permanence derrière le lanceur pour rendre nos décisions. Post-pandémie, on a repris notre position derrière le marbre. Quand tu arbitres seul et qu’il y a par exemple un coureur au premier but et un frappeur gaucher au marbre, tu te retrouves souvent avec un angle mort lors d’un tir de retenue du lanceur au premier coussin. Et c’est là que les entraîneurs abusent en achalant l’arbitre solo. Pour cette raison, je suis retourné à la position de pré-pandémie, derrière le monticule, avec des coureurs sur les buts. Et les coachs ont été avertis avant la partie : s’ils m’engueulent, je range mon équipement et je retourne chez moi illico », a souligné l’officiel.
Rétention
Malheureusement, les jeunes ne possèdent pas tous sa prestance.
« Où sont les incitatifs pour obtenir de la rétention (brassard de recrues) ? On a des jeunes prometteurs, au jugement clair, rapide et aux bonnes aptitudes. C’est devenu un cercle vicieux : la roue tourne. On avait cet été seulement sept arbitres à Saint-Jérôme, dont deux adultes. À Prévost, ils étaient quatre au total. À Lachute, seulement trois arbitres. Tu te retrouves à toujours demander de l’entraide aux autres villes pour des remplacements et ça surtaxe les officiels qui restent. Les jeunes ne sont pas tous des mordus comme moi. Ils passent à autre chose. »
À Prévost, deux arbitres qui ont complété leur deuxième saison de services entre les lignes blanches évaluent les saisons à venir et se questionnent encore plus à leur adolescence.
« On voit que les arbitres de près de 70 ans sont revenus au métier. C’est bien et ils aident beaucoup. Mais il n’y a pas de relève. Il se passera quoi quand ils quitteront pour de bon ? J’aime bien arbitrer d’un ami, aussi joueur de balle. S’il continue en 2024, j’y serai aussi. Mais quand tu te retrouves seul, c’est malaisant de se faire haranguer à répétition. Tant qu’à être seul, aussi bien donner plus de disponibilité à l’épicerie du coin », a fait valoir l’un d’eux.
Perspectives d’avenir
Au hockey mineur jérômien, on voit la lumière du bout du tunnel. Les effectifs de gilets rayés ont même connu une hausse cet été.
« Nous avons reçu 46 candidatures, dont 28 personnes se sont présentées à la session de recrutement sur glace : on a choisi 20 arbitres. C’est Gabrielle Cyr et moi qui les avons sélectionnés. On ne les a pas tous pris, parce qu’on a eu aucun départ cette année (je n’ai jamais vu ça). Certains jeunes éprouvaient aussi de la difficulté à patiner. On n’a jamais annulé de match à Saint-Jérôme faute d’effectifs, l’an dernier, contrairement à plusieurs autres villes comme Blainville, Saint-Eustache, etc. (sauf quand HLL a annulé des joutes lors de sa courte période de grève/démission l’automne dernier). On travaille fort au recrutement et on essaie d’encadrer les jeunes du mieux que l’on peut », a souligné le responsable du recrutement des arbitres à Saint-Jérôme, M. François Bernier.
Comme quoi il y a de l’avenir à l’embauche sur deux lames pour se faire un salaire d’appoint.