Ironman Tremblant : Des conditions météo exécrables ont nui aux performances des athlètes
Par Luc Robert
Ennuis mécaniques, pluie torrentielle et vents violents ont réduit les performances des athlètes à néants, la fin de semaine dernière à Mont-Tremblant, où terminer le parcours Ironman relevait de l’exploit même sans chronomètre.
Pour un, le triathlète et entraîneur de Sainte-Anne-des-Lacs, Antoine Jolicoeur Desroches a été contraint à l’abandon, en raison d’un bris à son vélo.
« Version courte de mon résumé du 70.3 à Tremblant : DNF (did not finish). Quand tu investis tellement d’heures et d’énergie pour t’entraîner et performer au plus haut niveau de tes capacités dans un sport, il y a rien de plus frustrant que devoir abandonner dû à un problème mécanique. Le plus fâchant, c’est que j’ai eu le même problème de pneu sans tube lors de ma dernière course (70.3 à Chattanooga). Plutôt que de changer le pneu, on m’avait conseillé de seulement mettre un nouveau tape et du scellant. Le matin en installant ma transition, je voyais qu’il y avait un peu de scellant qui sortait de mon pneu, mais je me suis convaincu que ça allait tenir le coup. Dès le premier virage, j’ai réalisé que mon pneu arrière était mou. Je suis retourné vers la zone de transition pour avoir une autre roue. On a mis du scellant mais ça ne tenait pas. Puis, j’ai pu finalement avoir une autre roue mais elle n’était pas compatible, donc j’ai dû prendre la décision d’arrêter… », a-t-il résumé.
L’expérience lui permettra d’aborder les prochaines épreuves de manière différente.
« Ce que j’ai appris de cette situation: dans le doute, mieux vaut de changer complètement ton installation sans (pneu) tube; apporter un jeu de roues d’extra le matin de la course et enfin, s’entraîner avec ses roues de course pour pouvoir prévoir à l’entraînement (plutôt que lors des courses), s’il y a un problème à corriger », a souligné l’atlète.
Nage difficile
En plus de conditions difficiles rencontrées, et du bris, Jolicoeur Desroches a ressenti des ennuis personnels en courant de journée.
« En natation, j’ai aussi éprouvé une attaque de panique. J’ai hyperventilé : j’ai dû me mettre sur le dos et je me suis accroché à un bateau pendant quelques minutes, avant de repartir. C’est difficile de comprendre ce qui s’est passé. Je me mets beaucoup de pression pour bien performer et encore plus lorsque je compétitionne à Tremblant. Autant compétitionner à la maison peut être un gros avantage pour te permettre de dépasser tes limites, si le mental n’est pas au top, ça peut avoir l’effet inverse. Les conditions étaient affreuses. Je félicite tous ceux et celles qui ont pris part à l’événement de Tremblant. Un grand merci à l’organisation et aux bénévoles, qui ont passé la journée à la pluie torrentielle ! »
Francine Perrault ébranlée
Pour sa part, l’expérimentée Francine Perrault, a aussi décidé de se retirer, par mesure préventive.
« Il s’agissait d’une épreuve préparatoire pour moi, en vue de l’Ironman de Lake Placid. Par mesure de sécurité, j’ai préféré plier bagage, après avoir frôlé l’hypothermie. Dans ces conditions extrêmes, je suis allée au bout. Certains américains ont soutenu avoir aimé ça. À mon avis, tu dois avoir du plaisir aux trois épreuves. Quand tu voyais d’autres concurrents tomber comme des mouches, ça te faisait réfléchir à ta propre sécurité », a témoigné l’athlète de Val-Morin.
Mme Perrault se trouvait à son emploi, fidèle au poste, mardi matin.
« Il y a des gens qui participent aux Ironman à titre de professionnels. Pour moi, c’était une étape vers le Lake Placid. C’est la première fois que je luttais contre des conditions aussi extrêmes. Je dois maintenant faire une pause, pour remettre le compteur à zéro et poursuivre le calendrier dans un esprit positif. Avant d’entreprendre les épreuves de parcours réduit chez les pros (de 1900 m à 1100 m en nage) à Tremblant, il y a eu un délai de près de deux heures d’attente. Je grelottais tout ce temps. Je pensais qu’en me sauçant dans l’eau et en bougeant, ça se replacerait. Mais avec l’eau à une température de 60°F (15°C), je ne me suis jamais réchauffée. Les bouées étaient déplacées par les vents. Les compétiteurs s’accrochaient partout aux plates-formes flottantes et bifurquaient à gauche ou à droite du tracé. C’était terrible. »
Frigorifiée comme plusieurs autres participants, Francine Perrault a préféré abdiquer.
« Ensuite, tu sors de l’eau et ton linge sec est déjà imbibé d’eau dans les sacs de plastique. Tu devais donc repartir à vélo mouillée, gelée, tout en faisant face à des vents de 50 km/h en rafales. Quand tu te sens gelée et que tu redoutes l’hypothermie, aussi bien penser à ta condition en premier. La sécurité a primé dans mon cas. »