«J’entends ne pas me faire impressionner par les meilleurs» -Arnaud Gaudet
Par Luc Robert
Le planchiste laurentien Arnaud Gaudet est devenu, à 21 ans, le plus jeune athlète à se tailler une place au sein de l’équipe nationale de surf alpin, une première depuis les beaux jours de Jasey-Jay Anderson, à Nagano en 1998, lorsque le surf des neiges effectuait ses débuts olympiques.
Le légendaire participant à six Jeux d’hiver avait alors près de 23 ans (né le 13 avril 1975), en février 1998. Le hasard aura voulu que Gaudet obtienne son 1er billet pour la Chine en 2022, alors qu’Anderson n’a pas réussi sa qualification pour la grande danse de Pékin.
« La sélection d’Arnaud est vraiment extra. Il représente le type de travailleur acharné, l’athlète qui mange de la planche depuis son enfance. Il a connu une progression fulgurante, mais graduelle, entre 2018 et 2022. Je suis toutefois désolé pour Jasey-Jay, que j’avais récemment amené à un camp d’entraînement spécial au Yukon, pour lui permettre d’atteindre encore les Olympiques à 46 ans », a témoigné M. Patrick Gaudet, père d’Arnaud et entraîneur en surf des neiges depuis plus de 30 ans.
Le jeune Gaudet, domicilié au village de Montcalm, a parfait son art sur les pistes voisines de Tremblant. Après trois Championnats au classement général en série Noram de 2018 à 2020, il a obtenu une 3e place au Championnat mondial junior PGS en 2020, avant d’enchaîner avec 6e position à la Coupe du Monde PSL en 2021.
« S’il n’est pas encore à point en géant, il se rapproche d’un podium en slalom. Récemment en Russie, il a figuré au 3e échelon lors des qualifications un bon bout de temps. Il est minutieux et sévère envers lui-même, des petits détails qui lui permettent une progression constante », a poursuivi le paternel, qui dirige Excellence Snowboard à Montcalm, un centre d’entraînement haute performance, qui offre un encadrement de calibre mondial, aux athlètes canadiens en snowboard de vitesse.
Renouveau
Arnaud Gaudet fait partie de la nouvelle vague de Québécois à exceller en sport de glisse. Il piaffe d’impatience en vue du vol nolisé du 29 janvier, qui l’amènera en Asie. « Depuis l’âge de 3 ans, je pratique cette discipline. Je vise les Olympiques d’aussi loin que je souvienne. Je suis heureux de percer, car ce sera une bonne préparation pour les Jeux de 2026 en Italie (Milan et Cortina), où je devrais figurer parmi les meilleurs. »
Celui dont la bio le décrit « comme un amoureux du sirop d’érable, mais qui déteste le beurre d’arachides », trouve bizarre l’horaire des Jeux de Pékin.
« Le CIO a décidé de ne pas présenter de slalom géant, que je veux peaufiner, mais de tenir des épreuves de slalom régulier. Ça me va : je viens tout juste de réaliser un autre Top 8 (7e) à Bad Gastein, en Autriche. Je me suis hissé par le fait même dans le Top 10 mondial. »
Les deux disciplines présentent des différences fort marquées. « En slalom géant, la gate (barrière) est plus ouverte. Les mouvements sont plus longs et plus précis à exécuter, comme si on évolue au ralenti. En slalom régulier, c’est plus une affaire de réflexes. Il existe aussi le snowboardcross (poursuites), que j’ai pratiqué plus jeune, mais qui demeure plus dangereux. En étant sur le circuit de la Coupe du monde à temps plein, je n’ai plus la dispo pour ajouter ça à mon agenda. Mais j’aimerais y revenir. »
Le compétiteur possède des objectifs précis pour Pékin. « Je veux me rendre en finale, soit parmi le Top 16, en slalom régulier. J’entends ne pas me faire impressionner par les meilleurs et me concentrer à mon affaire. Je n’ai pas de blessure et les choses se maintiennent bien. »